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La bulle.over-blog.com

Bonjour, Je m'appelle Lucia Dauphin et je suis une jeune adulte autiste de 27 ans. C'est avec plaisir que je vous présente mon propre blog décrivant mon quotidien de personne asperger à chaque semaine afin de partager les facettes de l'autisme avec d'autres personnes que mon entourage.

Semaine 38: Mes peurs et mes craintes

Comme toute personne, j’ai des peurs et des craintes qui suscitent chez moi de l’anxiété et des pleurs. Certaines de mes peurs peuvent paraitre anodines pour quelques gens mais dans mon cas, c’est plus difficile y faire face parce qu’en tant qu’autiste, mes émotions sont fragiles et ce n’est pas facile de sortir de ma zone de confort pour les surmonter. Ce n’est pas nécessairement le cas pour tous les neuro atypiques. Quand j’ai peur, je peux me mettre à pleurer, à angoisser et à être perturbée par de mauvaises pensées, ce que je déteste et ce que je veux éviter à tout prix. En plus de vous partager mes craintes qui m’affligent parfois, je vais vous parler des différentes peurs qui m’ont non seulement affectées au cours de ma vie mais aussi grandir parce que j’ai dû les vaincre pour pouvoir avancer dans la vie.

 

J’ai surmonté plusieurs peurs durant ma jeunesse. À l’époque, quand j’avais environ de huit à douze ans, j’avais très peur de voyager, non seulement d’aller visiter des pays étrangers et sortir de ma zone de confort mais surtout, parce que je ne voulais pas voir de bêtes sauvages, si je devais aller en Afrique ou en Asie un jour. À cette période de ma vie d’enfant, j’étais particulièrement fascinée par les animaux et les cultures du monde. Je savais que l’Asie et l’Afrique comprennent plusieurs animaux sauvages et j’avais très peur de me faire attaquer. Cette peur s’est accentuée lors du visionnement du film Le dernier samouraï (2003) quand j’avais huit ans, la même année où j’étais fascinée par les tigres. La scène d’ouverture montre une armée de samouraïs essayant de combattre un tigre blanc (la photo de couverture de l’article montre son regard de feu se produisant à la fin de la séquence). Même si cette scène durait que quelques secondes, j’étais absolument terrifiée par les rugissements du félin et les grands mouvements de ses pattes. Si bien que je suis allée me mettre au lit quelques temps après, croyant que le tigre allait réapparaitre plus tard. Quelques années plus tard, j’ai revisionné la scène ainsi que le film sans problème.

 

Maintenant, la zoologie est l’une de mes passions et quand je suis allée en Chine en 2015 (un pays que je ne voulais pas du tout visiter durant ma jeunesse), je n’ai pas eu du tout peur, surtout quand nous sommes allées visiter une jungle en pleine montagne. Au fil des années, j’ai vaincu ma peur de voyager et je peux parcourir le monde sans problème. Même, que je veux faire de la zoologie partout et je veux aller observer les tigres en Inde un jour, ce qui était impensable quand j’avais dix ans.

 

Ensuite, quand j’étais en cinquième année du primaire, j’étais fanatique de météorologie et des tempêtes dont les tornades. Durant l’été 2007, c’était un été particulièrement orageux, surtout un mardi de juin que je n’oublierai jamais (il y a eu beaucoup de grêle, des probabilités de tornade dans la région et l’église de Sainte-Émélie de l’Énergie a été la proie des flammes dû au tonnerre). J’ai angoissé toute la soirée et pour me rassurer, moi et mon père sommes improvisés en chasseurs de tempêtes pour suivre sa trajectoire. Le soir, ayant encore très peur, je suis allée dormir dans la chambre de mes parents (je ressemblais à un enfant qui faisait un horrible cauchemar qui ne finissait plus tellement j’étais agitée). Pour les orages suivants, j’avais encore des craintes et j’allais faire des ballades en voiture avec mon père pour suivre les orages de près. Également, je me renseignais davantage sur les tornades, leurs forces et leurs dégâts et ce, durant tout l’été. C’est alors qu’à partir de cet été- là, la météorologie est devenue l’une de mes grandes passions et suite à cela, beaucoup d’années plus tard, j’ai rencontré l’homme de ma vie (quand il avait environ onze ans également, son plus grand rêve était celui de devenir météorologue donc c’est un passionné de météorologie lui aussi).

 

Aujourd’hui, toutes ces peurs se sont dissipées mais j’en ai cependant d’autres.

Ma grande phobie que j’ai depuis mes dix ans est un poisson horriblement effrayant qui vit dans les grandes profondeurs océaniques de l’Atlantique : la baudroie abyssale. J’ai connu ce poisson en visionnant le documentaire La planète bleue (2004) lors du cours de sciences en quatrième année du primaire. Quand j’ai vu les mâchoires de la bête aux dents extrêmement pointues se refermer en pleine noirceur aux fonds des eaux, j’ai eu l’une des plus grandes frousses de ma vie. À chaque fois que je voyais les photos du poisson soit dans les encyclopédies animales ou sur le logiciel Microsoft encarta, que j’adorais parcourir, j’étais absolument effrayée au point que je me disais que ce serait la dernière fois que je verrai cette sale bête de ma vie. Ma sœur m’a cependant rassurée que malgré son visage effrayant, il était bien plus petit que moi et que les petites bêtes ne mangent pas les grosses. Je n’ai pas vu des baudroies depuis longtemps mais je ne suis pas prête d’en revoir de sitôt.

 

Les films de monstres m’ont rarement fait peur. Ce qu’il me fait le plus peur dans le monde du cinéma se sont les scènes de violence, particulièrement quand cela met en scène une ou des familles. Le meilleur exemple est une scène du film Kill Bill (2003) où le personnage interprété par Lucy Liu est témoin du règlement de compte de ses parents par la mafia japonaise (je croyais tout d’abord que c’étaient des assassins qui sont entrés par effraction dans la maison). Malgré l’excellente qualité de la scène (dessin animé de style manga, musique extraordinaire de Luis Bacalov (compositeur italo argentin, auteur du thème musical de Django unchained, autre film de Quentin Tarantino)), cela m’a complètement bouleversée : une petite fille de neuf ans assistant au meurtre de ses parents d’une manière extrêmement violente, se venge ensuite avec fureur sur le meurtrier, ce passé qui fera d’elle la tueuse redoutable qu’elle est dans le film. J’avais très peur en visionnant la scène et elle m’a hanté durant quelque temps. Malgré tout, cela m’a permis d’en savoir davantage sur les mafias dans le monde et comprendre que des crimes de ce genre, ce n’est pas rare.

 

La plupart des peurs que j’ai eu durant ma vie sont devenues pour moi, au fil des années, comme des sortes de fascinations parce que je me passionne pour certaines que j’ai déjà eue comme la culture japonaise, les félins et musiques asiatiques (cela me faisait toujours pleurer quand j’étais petite donc à chaque fois que je voyais des playlists de musique asiatique sur le logiciel Microsoft encarta, je ne les écoutais jamais parce que j’avais trop peur de pleurer en les écoutant). Mais grâce à me pratiquer et à travailler mes idées, j’ai pu chasser mes démons et me dire que des milliards de gens voyagent en Asie depuis des lunes. La plupart en sont revenus vivants et ont adoré la culture. Si j’avais encore ce genre de pensées aujourd’hui, je n’aurais jamais pu visiter la Chine, ce pays si extraordinaire aux paysages majestueux et à la culture florissante.

 

Peu importe ce qui m’arrive dans la vie, je fonce à chaque instant et quand j’ai peur ou je me sens craintive, je prends des respirations et je garde mon sang froid. Si jamais il se présente une situation qui suscite chez moi du stress, par exemple à la Bibliothèque, quand je dois faire une tâche que je ne suis pas capable de faire en raison de mes limites, j’explique à ma patronne ou à une collègue que je ne suis pas à l’aise de faire cette tâche puisque je suis limitée dans ce domaine. En conclusion, la plupart de mes peurs ne me conduisent pas à des limites. Au contraire, à force de les repousser, je découvre de nouveaux horizons et j’expérimente toutes sortes de choses passionnantes.

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