Grand pas dans une petite ville

Mon adaptation dans la ville de Joliette se poursuit à merveille. Je me suis habituée à mon bénévolat, j’ai réussi à me faire de nouveaux amis et je me promène en sécurité dans mon quartier. Comme ma mère a recommencé à travailler cinq jours par semaine, j’ai voulu trouver une alternative de transport pour pouvoir me déplacer, sans pour autant supprimer mes activités. Je me suis renseignée auprès du département de transport de la MRC de Joliette à propos de l’autobus de ville. On m’a donné un plan des différents circuits d’autobus et on m’a identifié les arrêts en fonction de mes centres d’intérêts soient : la société de l’autisme, la bibliothèque Rina-Lasnier ainsi que les Galeries Joliette, le centre Éconofitness plus précisément. À la fin mars, je me suis officiellement lancée dans l’aventure. C’est mon ami Sylvain qui m’a initié à l’expérience, lui qui a déjà utilisé l’autobus auparavant. J’avais déjà bénéficié du transport en commun à Montréal et dans d’autres pays du monde donc, ce domaine ne m’était pas inconnu.

Ma première sortie était une promenade aux Galeries Joliette. Le conducteur était très gentil et l’autobus n’était pas très populeux. C’était très agréable, je me sentais comme dans un manège. C’était lors du retour que l’atmosphère était plus activée. C’était la fin de la journée. Il y avait beaucoup de gens, je me sentais comme dans le métro de Montréal. Je gardais mon calme et je demeurais en contact avec mon environnement. Sachant à quoi m’attendre après mes journées de bénévolat, j’ai demandé à ma tante de venir me chercher dorénavant pour m’éviter ce chaos. J'ai continué à me pratiquer à d'autres occasions et cela s'est bien passé. 

Mais, c’était vraiment le milieu du mois d'avril qui m’a ouvert les portes à l’autobus de ville. Tout d’abord, c’était pour me rendre à une conférence de presse de la Société de l’autisme à Notre-Dame des Prairies. J’étais allée voir moi-même l’horaire des autobus pour m’assurer d’être à l’heure. Ensuite, je me suis dirigée vers la bibliothèque et j’ai pris une fois de plus l’autobus toute seule. Deux jours plus tard, par mon initiative, je suis allée faire des courses au Centre-Ville de Joliette. J’étais très fière. C’est vraiment la première fois de ma vie que je me déplaçais en transport en commun sans être accompagné d’un adulte. Comme je suis souvent à la maison, cela me fait du bien de pouvoir bénéficier de ce service pour pouvoir faire des activités, développer mon autonomie ou tout simplement, m’évader du quotidien en dehors de chez moi.

Même si prendre l’autobus est très plaisant, cela me demande de l’énergie. Je dois partir en avance pour m’assurer d’être à l’heure, je dois être en contact avec mon environnement pour ne pas être à proximité de personnes douteuses et il me faut être attentive pour signaler mon désir d’arrêter au chauffeur. Je n’ai pas de difficulté à respecter cette routine, mais j’ai déjà manqué l’autobus un jour. Je me sentais stressée et contrariée. Par la suite, je pars quelques minutes à l’avance et je marche avec un bon pas.

Tout ce mélange, en plus de l’excitation, me cause une certaine fatigue à long terme. Je me pratique à être plus calme en transport et respecter mes limites concernant le nombre de sorties, même si je ne sors pas à tous les jours. Comme à chacun de mes apprentissages, c’est avec le temps que je vais m’habituer.

Maintenant, je ne suis plus craintive du tout et je me sens comme un poisson dans l’eau à chaque fois que je monte dans l’autobus. Papa aurait été fier de moi. Lui qui voulait que je passe du temps dans la ville de Joliette pour me divertir.