10 Février 2023
Comme chaque être humain, j’ai diverses faiblesses et forces qui me définissent. Des défauts que j’essaie d’améliorer du mieux que je peux. Pour une personne autiste comme moi, ces faiblesses peuvent être involontaires parce que cela se traduit au niveau de ma pensée atypique, que ce soit au niveau de la communication, de l’interprétation des sensations ou de faire des liens d’associations. En raison de la constitution de mon cerveau, j’ai diverses limitations que je ne peux pas corriger. Cependant, j’ai diverses habiletés que peu de gens ont et qui impressionnent certains membres de mon entourage. Avec certaines anecdotes de mon passé, je vous explique les différents défis, positifs ou négatifs qui alimentent mon quotidien.
Tout d’abord, ma principale faiblesse est celle de faire des liens d’associations, surtout dans les communications avec d’autres personnes. Ce n’est pas facile pour moi de comprendre le sens de certaines questions et alors, je ne sais pas quoi dire. J’ai souvent tendance à ne pas parler ou à répondre par un propos hors contexte. C’est l’un de mes principaux obstacles pour nouer une relation amicale. Avec les années, je me suis améliorée en observant les autres personnes converser entre elles. Aussi, j’ai beaucoup de difficulté à interpréter certaines sensations. Parfois, je suis inconfortable à une sensation anodine; une autre fois, je ne ressens rien quand je me blesse. À l’âge de onze ans, je suis allée me promener en moto avec mon père. Par erreur, j’ai débarqué du côté droit alors que je devais sortir du côté gauche de la motocyclette. Tout à coup, j’ai eu une sensation de chaleur à mon mollet. Je n’ai pas réagi de manière immédiate. C’était à la maison que j’ai montré la plaie à mon père qui m’a soignée avec une crème antibiotique. Quelqu’un d’autre aurait réagi à l’instant, mais ma sensation n’était pas assez grande pour que je m’en occupe immédiatement.
Tout cela peut être banal pour une personne neurotypique mais dans mon cas, c’est plus complexe parce que mon cerveau prend plus de temps à traiter les informations contrairement à un cerveau régulier. L’anxiété que cela suscite chez moi se résulte en un manque de mots ou en envie de pleurer quelques fois. Je me sens prisonnière comme dans une coquille d’escargot. Voilà pourquoi je déteste effectuer des appels téléphoniques à des institutions gouvernementales. Tandis que c’est plus difficile avec les étrangers, mon entourage accepte facilement mes limitations.
Cependant, je suis animée par d’autres forces qui activent mon esprit dont ma mémoire dite « d’éléphant ».
Quand je me renseigne sur un sujet qui me passionne comme les acteurs de doublage français ou les sciences naturelles, j’apprends tous les aspects par cœur. J’aime lire et relire des ouvrages pour pourvoir assimiler une multitude d’informations.
Par exemple, en cinquième année du primaire, j’ai appris les différentes couches de l’atmosphère terrestre, ainsi que leur altitudes respectives grâce à un logiciel d’ordinateur. Mes camarades étaient impressionnés que j’apprenne autant d’informations par cœur. Aussi, ma passion pour divers domaines m’ont fait découvrir d’autres forces atypiques dont ma capacité d’avoir lu à trois ans ou d’apprendre l’anglais à cinq ans et ce, sans avoir eu recours à un adulte.
Pourquoi je pense de manière différente? Ce n’est pas si compliqué : le volume du lobe frontal de mon cerveau (siège de la pensée, du langage, des mouvements volontaires et des émotions), est plus imposant que celui d’une personne non-autiste, en raison de l’accroissement du cerveau durant l’enfance. Cela se traduit également par une malformation du cortex et du tronc cérébral ainsi qu’une diminution des neurones, ce qui explique pourquoi l’exécution de certaines tâches prend plus de temps. Il y a un lien au bas de l’article qui explique davantage cette anomalie.
En conclusion, j’essaie d’accepter les diverses lacunes qui ralentissent certaines actions. Cela n’est pas une si mauvaise chose parce qu’en affrontant mes faiblesses, je développe de nouvelles habiletés et permet de m’améliorer si ladite situation doit se reproduire. Tout cela pour expliquer que je vis l’apprentissage de la vie comme les autres, mais d’une manière différente. Voilà ce qui me rend unique.
Lien : https://www.cairn.info/revue-de-neuropsychologie-2012-1-page-36.htm