Bonjour, Je m'appelle Lucia Dauphin et je suis une jeune adulte autiste de 27 ans. C'est avec plaisir que je vous présente mon propre blog décrivant mon quotidien de personne asperger à chaque semaine afin de partager les facettes de l'autisme avec d'autres personnes que mon entourage.
7 Mars 2022
J’aime énormément raconter des histoires. Des contes, des scénarios de films et surtout, des histoires sur ma vie. Parce qu’étant une jeune adulte autiste passionnée d’écriture, de littérature et de sensibilisation à la différence, j’aime partager certaines de mes réalités avec mon entourage par l’art des mots. Le récit que je vais vous raconter, je désirais le partager avec vous parce qu’il retrace une période difficile de ma vie et ce n’est pas facile pour moi d’identifier et exprimer certaines émotions, surtout la tristesse.
Cela s’est déroulé au printemps 2020. Eh oui, le même printemps où la pandémie de Coronavirus s’est abattue sur nous tous telle un violent éclair sur une maison de bois. Cette saison- là, mes activités physiques et mon bénévolat dans une bibliothèque étaient interrompus donc je m’occupais beaucoup de ma chienne Marguerite, Margot pour les intimes. Douce, affectueuse et gracieuse comme une fleur quoi. C’était mon cadeau de fin des classes quand j’avais dix ans et mon meilleur compagnon. Pourquoi? Parce que je n’avais pas beaucoup d’amis à l’époque et c’était l’un des seuls êtres à qui je pouvais me confier en dehors de ma famille. Et à chaque fois, elle m’écoutait, surtout durant les moments les plus difficiles. C’était aussi mon premier chien donc c’est également pour cela qu’elle a occupé une place importante dans mon cœur. C’est aussi grâce à elle que j’ai pu améliorer certaines habiletés sociales et mon contact extérieur. Tout au long de sa vie, j’ai fait toutes sortes de choses passionnantes avec elle.
Nous allions en promenade à tous les jours, c’est moi qui la nourrissais matin et soir et on regardait parfois la télévision ensemble. Une vraie demoiselle de compagnie! Elle était également très gourmande. À tel point qu’elle a englouti une brique de foie gras à elle seule un matin de noël. En plein confinement, isolée de tout ce que j’aime, je ne savais pas que ma fidèle amie nous quitterait aussi rapidement.
En mai, la santé de Marguerite s’est considérablement détériorée. Elle urinait dans la maison, elle rampait et déféquait partout. En plus d’avoir des difficultés à la glande thyroïde, elle avait subi une opération à la jambe l’année précédente et elle était bien âgée (quatorze ans). Après mûres réflexions, moi et ma famille sommes rendus à l’évidence : Elle ne peut plus vivre comme ça. Nous devons mettre fin à ses souffrances dans la dignité. La nouvelle est tombée sur moi comme une tonne de briques. Durant les semaines suivantes, j’ai souffert d’une crise d’anxiété dont j’avais de la difficulté à contrôler. Je n’arrivais même plus à régulariser mes émotions! Je ne dormais plus, je n’avais guère d’appétit, moi qui apprécie les plaisirs de la vie. Nous avons recueilli un petit chaton pour nous aider à surmonter le départ de notre chien bien aimé. Moi, qui aime bien les chats, j’étais incapable de l’entendre miauler jour et nuit.
J’essayais de calmer mon esprit en écoutant les musiques de Fantasia et de Supertramp mais en vain. Le chat m’obsédait tellement que je n’arrivais pas à penser à autre chose.
C’est alors que le triste jour arriva. Marguerite n’avait plus la force de marcher donc nous l’avons embarqué dans la voiture sur une forme de civière.
Par la suite, nous arrivions chez le vétérinaire et comme le nombre de clients était limité en raison de la pandémie, je n’ai pas pu accompagner ma chienne vers son dernier repos. Sur le coup, je ne ressentais rien mais au bout du compte, j’étais bouleversée. Je voulais la mettre en terre sous un arbre mais cela n’a pas fait l’unanimité auprès de ma famille. Après avoir vécu une semaine difficile j’ai décidé de me retirer quelque temps chez ma grande sœur pour me changer les idées.
Là- bas, je prétendais bien aller mais ce n’était pas le cas. La tristesse me suivait toujours. Durant trois semaines, j’écoutais des films, des séries télévisées et ma musique préférée. Cela me faisait oublier les moments difficiles mais je ressentais toujours une détresse dans mon esprit. Mon alimentation laissait à désirer et je voulais à tout prix faire quelque chose pour m’occuper. Même si je faisais quelques balades en voiture, je n’arrivais pas à sortir de ma torpeur et à prendre soin de moi.
Après quelque temps, je voulais rentrer chez moi pour continuer mes occupations et revoir mon ami que je n’avais pas vu depuis longtemps en raison de la pandémie. Lors de mon retour à la maison, les pleurs ont recommencé. J’en avais assez. Nous avons redonné le chat à son propriétaire, espérant que la bonne humeur reviendrait mais ce n’était pas le cas. Je voulais ardemment retourner chez ma sœur et je ne dormais toujours pas. Je ne savais plus quoi faire pour être bien.
Mes parents aussi étaient triste de me voir ainsi, moi qui suis de nature enjouée et rayonnante. Je devais me trouver des moyens pour me reprendre en main.
C’est alors que j’ai demandé à l’une de mes tantes qui est enseignante de yoga si elle voulait en faire avec moi. Elle a accepté et elle m’a guidé durant quelques jours pour que je puisse retrouver un certain équilibre dans mon corps et dans mon esprit. Quand j’ai revu mon ami Sylvain après des mois, je me sentais encore mieux. C’est à cet instant que je venais de réaliser que la cause de ma détresse était non seulement la perte de mon chien adoré mais aussi le fait d’être privée de mes activités durant le confinement.
Les jours suivants passèrent. Je dormais mieux, je faisais un peu plus d’activités dans la maison et j’avais plus de facilité à mettre mes pensées en ordre. Tout cela grâce au yoga, à l’écriture de mes réflexions dans un journal et au visionnement de mes téléséries préférées.
L’événement qui a mis fin à cette période sombre est l’annonce d’une grande nouvelle de la part de ma sœur : Elle attend un bébé. Moi, qui a toujours voulu avoir un enfant dans ma vie étais très contente de la nouvelle. Je savais que j’allais passer les prochains mois à me préparer à la venue de ce nouvel être en lui achetant vêtements, cadeaux et autres matériaux pour bébés. Cela me permettrait de mieux contrer mon deuil. Aujourd’hui encore, la perte de Marguerite me hante mais j’essaie de la surmonter en pensant à de beaux moments passés avec elle.
Bon voyage au paradis des chiens Marguerite. Tu l’as bien mérité.