Bonjour, Je m'appelle Lucia Dauphin et je suis une jeune adulte autiste de 27 ans. C'est avec plaisir que je vous présente mon propre blog décrivant mon quotidien de personne asperger à chaque semaine afin de partager les facettes de l'autisme avec d'autres personnes que mon entourage.
10 Février 2022
Mon parcours scolaire a été le champ de bataille d’une partie de ma vie. Pourquoi? Parce que l’autisme était encore méconnu à l’époque où j’ai fait mes études (début des années 2000) et comme je fais de l’anxiété, j’ai de la difficulté à gérer plusieurs situations surtout à encaisser mes erreurs et à supporter les imprévus. J’ai dû travailler très fort pour décrocher mon diplôme d’études secondaires, tisser des liens avec les gens qui m’entourent et me faire une petite place dans un monde où la différence n’est pas toujours comprise. Heureusement que le système scolaire s’est amélioré au fil des années. Ma mère, éducatrice spécialisée m’a également beaucoup aidé dans mes apprentissages et a voulu que je grandisse dans un environnement convenable pour moi. J'avais déja mon diagnostic d'autisme avant d'entrer à l'école. Mon blog comporte quelques articles sur mon parcours scolaire au début donc j’ai décidé de raconter les passages plus importants en un article.
Mes apprentissages à l’école primaire se déroulaient très bien malgré la présence d’une éducatrice spécialisée qui était dans ma classe afin de s’assurer que tout se passe bien pour moi et que je pouvais consulter s’il se passait quelque chose. C’était avec mes camarades de classe que c’était plus difficile. Comme je posais souvent les mêmes questions et que je m’intéressais aux mêmes sujets, ils manquaient de tolérance à mon égard. J’étais très triste et je souffrais de ne pas avoir d’amis. Malgré cela, j’avais d’autres moyens de distraction dont la lecture et l’anglais et je me suis passionnée pour les sciences naturelles dont la météo et le corps humain. Je m’intéresse toujours à ces disciplines.
C’est au début de mes études secondaires que ma vie scolaire a changée du tout au tout. Moi et ma mère avons convenu que je fasse l’école à la maison parce que ma polyvalente n’avait pas toutes les ressources pour m’accueillir et aussi pour m’éviter le stress de l’école secondaire. Voilà pourquoi mon parcours scolaire était atypique. Durant quatre ans avec l’aide d’une enseignante, je me suis renseignée sur le programme d’éducation québécoise, j’ai réalisé moi-même mes apprentissages et projets et j’ai du bénévolat dans le secteur de la petite enfance tout en ayant un suivi avec notre centre de services scolaire. Entre temps, j’ai suivi des cours de danse traditionnelle québécoise où j’ai pu socialiser avec d’autres enfants de mon âge et découvrir les différents festivals de ma région lors des spectacles que je faisais. L’école à la maison a été très gratifiante pour moi parce que j’ai pu développer mon autonomie et j’ai pu m’intéresser à de nouveaux sujets comme les beaux-arts et l’histoire du 20e siècle au Québec.
Au début de l’âge adulte, je me suis inscrite dans une école pour adultes afin de terminer mon secondaire où j’ai obtenu mon diplôme en deux ans. C’était l’une de mes plus grandes fiertés. J’étais entourée d’excellentes enseignantes qui ont contribué à ma réussite dont une qui m’a encouragé à écrire et qui m’a intégré à l’équipe du journal étudiant. C’est suite à cette période qui m’a inspiré à faire de l’écriture ma vocation, moi qui avais de la difficulté à composer étant plus jeune.
Comme études tertiaires, j’ai décidé d’entreprendre un cours de secrétariat parce que je me passionne pour le classement des documents et j’aime rédiger des messages.
Même si les cours étaient passionnants et que j’appréciais la compagnie des apprentis secrétaires, je me suis désinscrite de l’école parce que je n’arrivais plus à supporter le stress des examens. J’ai fait une bronchite plus précisément, moi qui suis rarement malade.
Après un bref retour tout aussi difficile, j’ai arrêté pour de bon et j’ai donné mon nom à titre de bénévole à la bibliothèque de Berthierville en tant que commis au classement. L’équipe m’a accepté comme je suis et ma coordonnatrice m’encourage et m'apporte beaucoup de soutien. Grâce à ma passion pour les livres et la chaleur de l’environnement, je m’y sens comme chez moi et j'apprends toutes sortes de belles choses.
Même si ma vie est légèrement différente des autres gens de mon âge, je réussis à m'épanouir à ma manière et je suis contente de pratiquer mes deux grandes passions: écrire et sensibiliser la population à l'autisme sans ressentir trop d’anxiété. J’assume entièrement ma situation et je continue d’évoluer en tant que personne.