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La bulle.over-blog.com

Bonjour, Je m'appelle Lucia Dauphin et je suis une jeune adulte autiste de 27 ans. C'est avec plaisir que je vous présente mon propre blog décrivant mon quotidien de personne asperger à chaque semaine afin de partager les facettes de l'autisme avec d'autres personnes que mon entourage.

L'intimidation dans toute son horreur (histoire fictive)

La violence, c’est la pire chose que le monde ait créé. L’intimidation, encore plus. Ces vermines inutiles enlaidissent notre société et torturent des gens qui ne demandent que d’être respectés et d’être aimés à leur juste valeur. Moi, Charlie A., est une de ces nombreuses personnes qui en a subi les effets dévastateurs au début des années 2000. Jeune fille pourtant normale en apparence, enfant unique née au sein d’une famille de cultivateurs à Kamouraska, j’ai eu un parcours de vie assez chaotique, notamment à l’adolescence où j’ai été la risée de mon école. J’ai longtemps hésité avant de rédiger ce récit parce que je n’ai pas l’habitude de partager mon vécu en dehors de mon entourage. Pourtant, ce serait une bonne idée que je vous fasse part de cette tranche de vie. Parce que tout cela pourrait arriver à votre sœur, votre fille, votre mère ou mieux encore, vous-même. Aucun être sur la terre ne mérite ça.

 

Tout cela s’est déroulé au début de mon premier secondaire. C’était un monde complétement nouveau pour moi parce que c’était la première fois que je me trouvais dans un aussi vaste endroit avec encore plus de gens qu’à l’école primaire. Aussi, qui dit beaucoup d’élèves, dit beaucoup de bruit, pas toujours facile à endurer. Je me suis dit qu’avec du courage et de la confiance, tout allait bien se passer.

 

Dans les premiers jours, l’adaptation se passait très bien. Je n’étais pas tant affectée par les autres élèves, je me repérais bien et je réussissais à discuter avec les filles de ma classe. Je posais souvent les mêmes questions, principalement sur le cinéma et la télévision mais personne ne disait rien. C’était au courant de la quatrième semaine que tout a changé. Les autres filles me regardaient bizarrement et plus personne ne voulait m’adresser la parole ou dîner avec moi à la cafétéria. Les seules fois où l’on me parlait, c’était pour me dire des méchancetés.

 

Par exemple, je discutais avec ma copine Lisa à propos du film Tornade, que j'ai découvert quelques semaines plus tôt. Cela faisait plusieurs fois que l’on avait cette discussion parce que c’est un film que j’aime beaucoup. En posant l’une de mes nombreuses questions sur cette production, Lisa m’a répliqué sèchement: Ta mère ne t’a jamais dit te fermer ta gueule? Tu ne sais rien faire d’autre que nous emmerder! J’avais aucune mauvaise intention envers elle, je voulais seulement savoir par cœur ce qu’elle aimait dans le film. Je pleurais à chaudes larmes. Je ne comprenais plus ce qu’il se passait. Jamais on ne m’avait parlé comme ça auparavant. Moi, petite fille sans histoire allait être une adolescente cible du pire fléau de la société, l’intimidation.

 

Je n'étais pas au bout de mes peines. En ayant assez de traîner avec les autres filles, je me suis tournée plutôt vers des garçons qui jouaient au ballon-balai, un sport que je maitrisais bien parce que ce n’est pas complexe. Ce n’était pas du tout ce que je croyais. Je parlais toujours des mêmes sujets. Très vite, les garçons me disaient des railleries, par la suite des insultes. Jusqu’au jour où trois de ce groupe m’ont agrippé et m’ont bousculé dans la cour durant une vingtaine de minutes. J’avais eu la peur de ma vie! Je croyais mourir! Je riais parce que je me retenais de hurler aux larmes et c’est de cette façon que je ressens la tristesse et la peur. C’est seulement quand la cloche a sonné pour retourner en classe qu’ils ont arrêté. Par la suite, tous les autres élèves me regardaient comme si tout cela était de ma faute. Je me sentais terriblement mal, comme si j’avais été violée. Je passais le plus clair de mon temps dans les toilettes de l’école tellement j’ai été marquée par cette attaque. Je n’avais plus confiance en personne. Je rêvais d’avoir un ami qui m’aime et qui me respecte.

 

Mes parents étaient très tristes et ne savaient plus quoi faire pour que je sois heureuse. Même à la maison je passais la soirée à visionner mes émissions préférées dans ma chambre. C’est alors que nous avons rencontré l’éducatrice de l’école qui a accepté de me prendre sous son aile durant les périodes de pause et sur l’heure du dîner pour s’assurer que tout se passe bien. Elle m’a même donné des trucs pour améliorer mes habiletés sociales. Même si cela n’a pas stoppé définitivement les moqueries et les railleries, plus personne ne m’a touché et j’ai gagné le respect de certaines personnes grâce à certaines de mes connaissances scientifiques et culturelles.

 

Tout cela parce que je suis atteinte du trouble du spectre de l’autisme. Une différence neurologique qui se caractérise par un manque de communication, de contact visuel et d’habitudes répétitives chez l’individu concerné.  Tout le monde peut être la cible des pires atrocités mais je suis plus vulnérable que d’autres parce que certains de mes agissements font partis de mes limites et je en n’ai pas conscience parfois.

Le plus important, il faut être gentil et empathique avec les gens qui sont différents.

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