Bonjour, Je m'appelle Lucia Dauphin et je suis une jeune adulte autiste de 27 ans. C'est avec plaisir que je vous présente mon propre blog décrivant mon quotidien de personne asperger à chaque semaine afin de partager les facettes de l'autisme avec d'autres personnes que mon entourage.
16 Juillet 2019
Le temps d’une paix est une série télévisée québécoise diffusée entre 1980 et 1985 sur les ondes de la Société Radio-Canada et comprend 135 épisodes originaux et un épisode hors- série diffusé durant la période des fêtes de l’année 1982. On doit le scénario à Pierre Gauvreau (1922-2011), artiste peintre, écrivain et cinéaste québécois et la réalisation à un des réalisateurs fétiches de Radio-Canada, Yvon Trudel (1934-2018) à qui on doit Les Belles histoires des pays d’en haut (1956-1970) ou Rue des pignons (1966-1977). La série suit les péripéties des habitants d’un petit village québécois entre les deux guerres mondiales soit le temps de la paix, l'inspiration du nom de la série.
Ce classique de la télévision se déroule dans la paroisse de Cap aux oies, dans la région de Charlevoix au Québec près de la Malbaie. La famille principale de la série se nomme les Saint-Cyr, une famille modeste de cultivateurs qui met en scène Rose-Anna, la mère de famille dévouée dont le mari est décédé des années plus tôt dans un accident en forêt (sur la drave), Antoinette, la fille aînée indépendante et le portrait de sa mère, Juliette, la cadette qui est en âge de se marier et Lionel, le benjamin de la famille et seul garçon de Rose-Anna passionné de mécanique et le préféré de sa mère. Dans la maisonnée, la famille Saint-Cyr comprend également Albertine (mémère) Bouchard, la grand-mère du défunt mari de Rose-Anna et doyenne de la paroisse et Georges-Aimé Belleau (surnommé Ticoune par les membres de sa famille) un simple d’esprit logeant chez les Saint-Cyr depuis son enfance parce qu’en raison de son état intellectuel et des convenances de l’époque, ses parents bourgeois ne pouvaient pas le garder.
En plus de cette famille mythique de la télévision québécoise, le feuilleton comprend également d’autres personnages phares dont Joseph Arthur Lavoie, cultivateur, marguiller, organisateur des libéraux dans sa paroisse et le meilleur ami de Rose-Anna, Siméon Desrosiers, propriétaire d’un moulin à bois et rival juré de Joseph Arthur puisqu’il est organisateur du parti conservateur de son patelin, le notaire Cyprien Fournier, ancien patron de Juliette qui était sa servante dans leur maison d’été ainsi qu’Isidore (Zidore) Leclerc, commère du village, détesté de la plupart des villageois et beau frère par alliance de Rose-Anna.
Au fur et à mesure que la série avance, nos personnages vivent des situations incroyables : Juliette, la deuxième fille prévoyant se marier avec un des garçons de la paroisse, fera une noce avec un lieutenant de la haute ville de Québec qui a combattu en Europe durant la guerre, Antoinette, l’aînée, travaillera comme contremaîtresse dans une buanderie et deviendra plus tard, la patronne de cette entreprise, et Lionel, après avoir travaillé de nombreuses années comme mécanicien dans le garage paroissial, fondera une compagnie d’aviation avec son beau-frère Raoul Savary, le mari de sa sœur Juliette. Rose-Anna aussi fera ses preuves. Elle s’impliquera durant un moment dans la phase de la colonisation du Québec durant la crise de 1929, le retour à la terre étant une cause qui lui tient à cœur. Joseph Arthur Lavoie est amoureux d’elle mais en raison de de leur indépendance et de la fidélité absolue de Rose-Anna envers son défunt mari, leur relation ne conduira pas à un mariage. Tout au long de la série, on les verra tantôt passionnés, tantôt se disputer, bref tout ce qu’un couple peut vivre.
Comme cette série se déroule sur une période d’une dizaine d’années soit de 1919 à 1931, la série nous montre plusieurs modes et événements marquants de l’époque comme l’insoumission lors de la première guerre mondiale pour l’un des personnages, la grossesse inopportune (à travers le personnage de Juliette), la présentation des nouveaux nés aux gens de sa paroisse, le trafic de boisson de contrebande lors de la prohibition aux États-Unis ainsi que l’arrivée de l’aviation au Québec.
Cette émission, est ma série d’époque préférée de tous les temps en raison de son décor champêtre et campagnard mais surtout en raison de ses personnages attachants et de leurs nombreuses expressions québécoises comme bout de ciarge (bout de cierge) ou baptême!. Je l’ai visionné durant tout mon adolescence sans en avoir ras-le bol. D’ailleurs, cela fait plus de dix ans qu’elle est diffusée à la télévision. Ce qui me passionne de cette série est bien sûr toute l’histoire du temps de la paix, ce qui se passe au Québec après avoir lu dans les journaux toute l’horreur qui sévissait en Europe durant près de cinq ans et les parents et femmes des soldats qui s’inquiétaient pour la vie de ceux-ci, des événements qui ont marqué l’histoire comme l’arrivée du téléphone, la grande dépression de 1929, le mouvement féministe des suffragettes des années 1920-1930 et la prohibition de cette même décennie aux États-Unis.
À partir de la quatrième saison de la série, on se transporte dans les années folles (1927-1928). Cette période, est l’une de mes préférées de l’histoire du 20e siècle parce que les modes de cette époque sont tous des sujets qui me passionnent comme la mode des robes de bal et l’avènement de la musique jazz. On voit même le couple Savary-Saint-Cyr faire une traversée sur un transatlantique lors d’un voyage en Europe et on les voit lors d’un instant dans leurs plus beaux atouts, un de mes moments préférés dans la série qui peut faire rappeler le film Les hommes préfèrent les blondes (Gentlemen prefer blondes,1952) dont l’action se déroule en grande partie sur un Transatlantique de luxe. Aujourd’hui, je me rends compte que ce sont les gens qui habitaient les villes qui ont eu le plus de chances de savourer ces tendances tandis qu’une campagnarde comme moi, n’aurait peut- être pas eu les moyens d’en profiter.
L’élément le plus marquant de la série est la présence du personnage Ticoune (Georges Aimé Belleau) protégé de Rose-Anna interprété avec brio par Denys Paris (1955-), qui fut son rôle le plus marquant. Sa performance sans dialogues et ses expressions faciales sont si bien jouées que son personnage est presque vrai. Même si la déficience était un sujet assez tabou à l’époque et encore un peu dans les années 1980, ce personnage n’a pas été victime de préjugés graves et a été si attachant qu’il en est devenu un personnage culte de la télévision québécoise. Cependant, malgré ses minces capacités intellectuelles, Ticoune réalise des petites tâches sur la ferme, est de très bonne compagnie auprès de ses proches et sera considéré comme un brave après avoir blessé un criminel qui a agressé la femme de Lionel et lui aura même aidé à retrouver la mémoire, ce qui impressionna toute la famille Saint-Cyr.
L’auteur du téléroman, Pierre Gauvreau a fait un travail sensationnel combinant expressions québécoises de l’époque et faits historiques et ces derniers sont très bien représentés à l’écran, comme si l’on visionnait en même temps une sorte de documentaire. Comme l’histoire comprend également des scènes d’action, l’émission nous tient en haleine durant toute la diffusion et peut même captiver les plus jeunes soit les adolescents et les jeunes adultes.
À l’époque où j’écoutais le téléroman assidument, je rêvais de visiter la région de Charlevoix, la Malbaie, plus précisément afin de visiter les magnifiques paysages surplombés de montagnes, les centres d’artisanat qui est un autre de mes intérêts ainsi que les nombreux lieux de tournages qui ont été nécessaires pour la réalisation de cette production extraordinaire. Ce rêve est devenu réalité le mois dernier lors de mon séjour au Manoir Richelieu situé dans cette région pittoresque. Je voulais également voir la maison d’été du notaire Fournier qui se situe sur le Chemin des falaises à la Malbaie parce que on la voit souvent dans la série et son architecture en pierre est magnifique. Comme il s’agit maintenant d’un domaine privé, elle ne peut être visitée. Malheureusement, le domaine de Rose-Anna n’est pas accessible au public mais on peut réussir à la photographier sans pénétrer sur le site. D’ailleurs, c’est une maison qui a été construite spécialement pour l’émission et elle a toujours été vide et inhabitée.
Le succès indéniable de cette série et la passion de Gauvreau pour l’histoire du Québec l’amènera à écrire deux autres téléromans qui sont respectivement Cormoran (1990-1993) décrivant la vie avant et le début de la deuxième guerre mondiale et Le volcan tranquille (1997-1998) racontant ce qui se passe à Montréal vers la fin de cette même guerre.
Pour ceux qui désirent connaître cette série, elle est disponible en coffrets DVD et elle est diffusée sur la chaîne de télévision Ici ARTV et sur sa chaîne mère, Ici Radio-Canada télé pour les résidents du Québec et du Canada mais, elle n'est pas en diffusion actuellement. Pour les internautes, elle est disponible sur le site Youtube. Bref, Le temps d’une paix est une télésérie captivante qui est parfaite pour se rassembler en famille et en apprendre un peu plus sur l’histoire du Québec du début du siècle dernier. Merci et à la prochaine pour une autre critique télévisuelle.