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La bulle.over-blog.com

Bonjour, Je m'appelle Lucia Dauphin et je suis une jeune adulte autiste de 27 ans. C'est avec plaisir que je vous présente mon propre blog décrivant mon quotidien de personne asperger à chaque semaine afin de partager les facettes de l'autisme avec d'autres personnes que mon entourage.

Semaine 24: De l'autre côté de l'écran

Cette semaine, je voulais commencer ma pause estivale d’écriture après près de six mois de bon travail. Je voulais publier une critique d’une production télévisuelle que j’ai bien aimé mais je me disais : Tout ton entourage le sait que tu es allé tourner un reportage pour la télévision la semaine dernière. Pourquoi les faire attendre une semaine et publier à la place une critique d’un film tandis que tu as tout l’été pour le faire?  J'avais prévu de mentionner cet événement lors de mon prochain article Dans la bulle de Lucia prévu pour la semaine prochaine mais comme je vais parler de mon voyage à Charlevoix, mon texte aurait été trop long pour contenir ces deux sujets passionnants. C’est alors qu'aujourd'hui, je mets la main à la pâte et je vous partage une expérience que je n’aurai jamais pensé faire dans ma vie.

 

Comme vous le savez, j’ai pris contact avec l’équipe de production AMI-télé pour que je témoigne de mon expérience de mon bénévolat à la bibliothèque en tant qu’adulte autiste. La journaliste responsable du reportage a été très gentille et elle a accepté de tourner la capsule peu de temps après mon appel téléphonique. Pour l’occasion, je me suis concoctée une feuille de notes pour savoir quoi répondre lors de l’entrevue, j’ai sorti mes plus beaux atours et ma sœur m’a offert le service de coiffure et d’esthétique maison. J’ai même visionné plusieurs capsules précédentes d’AMI-télé afin de bien savoir à quoi m’attendre et bien m’inspirer des témoignages. La veille, je me suis sentie bien stressée, comme si j’allais passer un examen à l’école parce que je ne savais pas à quoi l'expérience allait ressembler étant donné que je n'ai jamais parlé devant une caméra auparavant. Je me répétais que ce n’était pas une épreuve académique, c’était une partie de plaisir qui allait démontrer mes capacités, mon courage et ma détermination en tant que femme, que bénévole et que personne autiste qui travaille très fort pour avoir une belle vie. Grâce à des respirations, je me suis mise à penser à toutes les belles choses qui allaient m’arriver le lendemain.

 

Le jour J, 11 juin 2019. Je me suis réveillée vers 5h le matin en raison de l’excitation de réaliser l’expérience, moi qui va sûrement attirer l'attention de milliers de personnes, une fois la capsule diffusée . Je voulais me rendormir mais en vain, j’étais trop contente de pouvoir passer à la télé. C’est alors que vers 9h, moi et ma mère sommes partis pour la Bibliothèque de Berthier à la fois stressées et excitées de ce que j'allais vivre. Une fois arrivées, Nicole Clermont, une collègue que j'apprécie bien, était fière de me voir devant la caméra pour témoigner des progrès que je fais et de ma passion de la bibliothèque. Ma patronne aussi était très excitée de pouvoir parler à la télévision d'une bénévole enjouée et dévouée comme moi. J’étais également aux aguets de l’arrivée de l’équipe de production pour m'assurer si il n'y avait pas de délai de retard. 

 

C’est alors que la journaliste et son caméraman sont arrivés vers 9h40. Je me suis présentée fièrement à eux et ils m’ont dirigé vers la section jeunesse de la Bibliothèque, mon espace afin de tourner l'entrevue entre moi et la journaliste. 

L’entretien s’est passé sous forme de questions qui demandaient d'expliquer mes tâches, mes méthodes de travail, mon intégration au sein de l’équipe de la Bibliothèque et autres. J'ai répondu avec vivacité et spontanéité afin que le public sente que j'aime mon bénévolat et que je m'épanouis le plus possible avec des gens formidables et compréhensifs. 

 

C’est au moment que la journaliste m’a posé la question Pourquoi fais-tu du bénévolat? que je me suis sentie plus stressée. J’ai demandé de me retirer un instant parce que je ne savais pas quoi répondre. Pour tout dire, je n’avais pas le courage d’expliquer que je ne suis pas capable d’être sur le marché du travail comme la plupart des gens ( en raison de mon manque d'endurance au travail et de mon manque d'autonomie) et qu’en réalité, je fais du bénévolat pour concilier ma passion pour le classement et les livres tout en pratiquant mes habiletés sociales en n’étant pas toujours à la maison. Comme je n'ai pas l'habitude de tout dire à des étrangers, j'ai ressenti un peu de gêne. À mon retour, avant de reprendre le tournage, j’ai demandé de changer de question, ce que la journaliste a accepté sans problème. Quand il s'agit d'une entrevue comme celle- là, cela aurait valu la peine que je mentionne que travailler dur à l'extérieur est ma limite. J’ai ensuite parlé de mes sélections de livres jeunesse, mes sources d’inspirations pour les créer, mon intérêt pour la littérature, autant jeunesse que pour adultes ainsi que mon blog, pour partager ma vie d'autiste et mon amour de l’écriture.

 

Une fois l’entrevue terminée, ma coordonnatrice a ensuite parlé de mon travail à la bibliothèque à la caméra et de tous les efforts que je fais de jour en jour, ce qui a bien intéressé la journaliste. Cette dernière et ma coordonnatrice ont été épatés de mon témoignage et de la préparation dont j’ai fait preuve pour ce moment parce que c'est moi qui l'a organisé en grande partie. Par la suite, le caméraman a pris des images de moi en train d’effectuer la plupart de mes tâches hebdomadaires dont le classement des livres, effectuer des prêts de livres, inspecter une rangée de livres et enregistrer des magazines dans le système informatique. Pour terminer l’avant-midi, la journaliste a enregistré son dialogue d’introduction et de conclusion de la capsule devant la Bibliothèque. Lors de la présentation, elle m’a qualifié bénévole d’exception, ce qui m'a fait chaud au cœur et qui m'a rendue fière. Elle et moi avons discuté un moment et nous avons partagé nos occupations, qui sont semblables. Nous sommes toutes deux passionnées de voyages et de littérature. La journaliste a réalisé dernièrement une série de reportages à Vancouver pour une nouvelle émission sur AMI-télé qui s'intitule Jessie sur la route mettant en scène des gens atteints d'une différence. Elle est également atteinte d'une déficience visuelle, le syndrome de Stargardt's ce qui a suscité chez moi davantage d'intérêt et d'empathie à son égard. 

 

Malheureusement, en raison de la fatigue et de l’excitation, moi et ma mère avons oublié de demander à la journaliste de prendre la pose avec nous, afin de conserver un souvenir de ce moment inoubliable. Nous avons alors demandé à Jessie, la journaliste d’aller la rencontrer dans les bureaux d’AMI-télé le vendredi suivant pour nous reprendre, le temps d’une dizaine de minutes. Comme nous avons prévu d’aller à Montréal magasiner, ce serait le bon moment d’y aller. Le vendredi, Jessie nous a accueilli dans ses bureaux principalement dans l’envers du décor de l’émission Ça me regarde, magazine télévisuel se consacrant aux actualités concernant les personnes différentes. C’est alors que ma mère nous a photographié en plein décor, moi et Jessie étant assis dans les chaises des deux animateurs de Ça me regarde, un honneur pour moi. Après ce grand moment, je m’intéresse davantage aux productions originales d’AMI- télé dont Ça me regarde bien entendu, Pareil pas pareil, émission montrant les réalités des personnes ayant un handicap ainsi que 3,2,1 on bouge, nouveau magazine hebdomadaire consacré aux personnes handicapées pratiquant divers sports. Ces deux émissions sont animées par l’une de mes nouvelles idoles, Camille Chai, athlète paralympique qui, malgré le fait qu’il lui manque certains membres, rêve de pouvoir participer aux épreuves d'escrime aux jeux paralympiques de Tokyo en 2020. J'ai visionné sur Internet son entrevue lors de son passage à l'émission Têtes@ Kat (talk-show pour les adolescents) à Radio-Canada en 2004 et elle a été très inspirante. Je rêve de pouvoir la rencontrer un jour.

 

Même si tous ces événements m’ont apporté du plaisir, j’ai eu certains moments d’insécurité au retour, non seulement en raison du stress qui tombait mais aussi parce que c’était la première fois que je passais à la télévision, ce qui n’est pas rien. En vrai, j’ai eu peur de mal préciser certains faits et d’en avoir oublié parce que l'entrevue s'est déroulée rapidement et avec le stress ressenti, je pouvais perdre mes moyens et oublier de dire certaines choses. Ma mère m’a expliqué que cela était normal  de ressentir ce genre d’émotion quand on réalise une nouvelle expérience pour la première fois. Même que vendredi, la journaliste m’a rassurée en disant que tout ce que j’avais mentionné lors du reportage était parfait. C’est alors que mes craintes se sont envolées dans le vent froid qui pesait sur Montréal ce matin-là. Si je retourne faire une entrevue de ce genre dans quelques semaines par exemple, je vais savoir quoi faire pour ne pas ressentir de stress et avoir davantage confiance en moi. J’ignore quand la capsule sera diffusée à la télévision. Tout ce que je sais présentement, est que les capsules tournées en ce moment (AMI-télé tourne deux à trois capsules par semaine) sont prévues pour l’an prochain. Peu après sa diffusion, elle sera disponible sur Facebook, Instagram, Twitter et Youtube comme toutes les autres capsules. Je vous transmettrai l’information le moment venu.

 

Cette expérience a été absolument extraordinaire. En plus d'avoir partagé ma passion pour la Bibliothèque, j'ai fait une sorte de sensibilisation à l'autisme notamment en mettant à profit mes forces et en témoignant de mon intérêt pour aider les gens ayant besoin de ressources à propos de l'autisme. Je tiens également à remercier AMI-télé de m'avoir permis de réaliser ce rêve inespéré. J’aimerai recommencer n’importe quand.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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