Bonjour, Je m'appelle Lucia Dauphin et je suis une jeune adulte autiste de 27 ans. C'est avec plaisir que je vous présente mon propre blog décrivant mon quotidien de personne asperger à chaque semaine afin de partager les facettes de l'autisme avec d'autres personnes que mon entourage.
4 Juin 2019
En raison de mes comportements autistiques, la communication avec d’autres personnes en dehors de ma famille a été très difficile durant ma jeunesse, principalement avec mes camarades de classe à l’école primaire. Durant mon enfance et une partie de mon adolescence, je rêvais d’avoir un réseau d’amis comme tous les jeunes de mon âge afin de m’amuser et rire. En ayant ce genre de pensée toute seule, cela me rendait très triste et je me sentais rejetée du monde. Je ne savais pas comment socialiser donc il fallait que j’apprenne pour pouvoir être en relation avec les autres personnes. Comme je l'ai dit plus tôt, j'ai dû diversifier mes champs d'intérêt, notamment en abandonnant mes intérêts enfantins et j'ai appris à poser des questions pertinentes afin que les gens puissent me trouver intéressante à écouter. La communication était plus facile avec les amis de mes parents parce que non seulement ils étaient des adultes mais aussi, ils étaient en mesure de comprendre un peu l’autisme.
À ma dixième année, une amie de la famille nous a donné un de ses bébés chiens (après lui avoir mentionné mon désir d'avoir un chien) afin que je puisse apprendre comment m’occuper d’un animal et à être plus en contact avec mon environnement. Dans mon passé je n’ai eu que des chats donc avoir un chien était pour moi une nouvelle expérience parce que cela allait être plus d’entretien, plus de contact et plus d’attention contrairement à un chat qui a un caractère indépendant. Le chien était né d’un croisement d’un golden et d’un chien des montagnes d’Europe. Nous avons appelé l’animal Marguerite en raison d’une partie de mon nom de baptême.
Au départ, l’éducation du chiot était difficile. Je perdais patience souvent en raison de l’hyperactivité de ce dernier et de mon autisme (je ne lui parlait presque pas et je ne savais pas du tout comment le mettre en forme et le captiver) . J'étais parfois en colère quand il urinait dans la maison au début de sa vie et quand il tirait trop sur sa laisse quand je voulais le faire promener dans ma cour. Mais je finissais toujours par regretter d’avoir eu des petites réactions envers lui et j’ai appris à mieux connaitre ses besoins.
Au fil du temps j’ai appris à bien le nourrir, à le caresser et à faire des promenades avec lui quotidiennement. Pendre des marches avec Marguerite était tellement passionnant que c’est devenu rapidement une habitude et je me consacrais davantage de temps avec elle. Quelques années plus tard, c’est devenu un compagnon précieux et une belle occupation. J’ai partagé notre complicité au concours régional Animal et compagnie du journal L’action de Joliette en 2014. Il fallait envoyer une photo de notre animal et écrire un texte sur notre vie avec ce dernier. La photo de mon compagnon a été publiée mais je n’ai pas gagné de prix.
Suite à ma belle entente avec Marguerite, je m’intéresse davantage à la zoologie et à la médecine vétérinaire. J’aime cette discipline parce que je suis passionnée de biologie et je veux en savoir plus sur les maladies animales qui affectent parfois notre compagnon à quatre pattes.
Lors d’une sortie au Zoo de Granby avec la Société de l’autisme de Lanaudière à l’été 2011, un événement inattendu s’est produit: Ma rencontre avec ma meilleure amie Kim. Comme c’était mon père qui conduisait l’autobus cette journée-là, je l’ai accompagné parce que j’aime les zoos et j’avais l’habitude d’accompagner mon père lors des sorties de camp de vacances et également d’escapades pour des enfants autistes lors de mon enfance. Il y avait une jeune fille de onze ans qui était accompagnée de sa famille. Quand nous nous sommes vues, nous nous sommes présentés et quand elle m’a dit qu’elle était autiste de haut niveau, tout comme moi, la chimie a opéré rapidement : Nous avons discuté tout le long du trajet de nos vies, de nos passions et nos parcours de vie respectifs. A la fin de la journée, nous nous sommes échangé nos coordonnées en raison de notre bonne entente.
Elle m’a contacté peu de temps après le zoo pour faire plus ample connaissance au cinéma en regardant le film « Un jour » (One day) (2011). Même si l’histoire était triste, c’était plaisant d’être ensemble. À partir de ce jour, nous avons pris l’habitude de se contacter régulièrement et se rencontrer à certaines occasions comme aller au cinéma, au musée et magasiner. Elle vient même à la maison me rendre visite et on aime jouer à des jeux de société, visionner des films et faire la cuisine pour qu'elle emporte de la nourriture à son appartement depuis deux ans.
Après la première sortie au cinéma, je n’en revenais pas : un de mes rêves s’était réalisé. J'avais enfin une amie avec qui je peux enfin rire, m'amuser et partager ce que j'aime. Je suis très attentive à son égard et je fais en sorte qu'elle soit le mieux possible où qu'elle aille.
Même si nous n'avons pas beaucoup de passions communes, Kim est un cadeau précieux et je suis très contente qu’elle fasse partie de ma vie. Et il en est encore aujourd’hui.
Par la suite, je fréquente des femmes, principalement des amies de l’une de mes tantes lors de mes séances de zumba et de yoga depuis mon inscription à l’hiver 2014. Il nous arrive quelques fois d’aller au restaurant, soit pour célébrer notre anniversaire ou pour se fréquenter davantage tout en discutant de nos vies. J'ai souvent hâte à chaque mercredi pour les revoir et passer de bons moments.
J’aime les voir à chaque semaine parce qu’elles sont attentionnées à mon égard et nous avons quelques sujets en commun dont les voyages et la télévision québécoise donc cela fait de très belles conversations. Tout cela grâce à l'inclusion qu'elles ont mis en oeuvre depuis le début de mes leçons de yoga (parce que je leur parlais très peu au départ) et je l'apprécie beaucoup. Au bout du compte, passer du temps avec elles embellit ma vie. Ces femmes ainsi que mes collègues de la bibliothèque constituent mon entourage immédiat que j’adore en plus de mon amie Kim que je vois de temps-en temps. Grâce à elles, je continue davantage à pratiquer mes habiletés sociales et je m’améliore toujours.
À l’automne 2017, je me suis inscrite à un groupe de jeunes adultes autiste animé par deux éducatrices de la Société de l’autisme Région Lanaudière. La motivation qui m’a poussé à joindre ce groupe était non seulement pour me faire de nouvelles rencontres et augmenter mon réseau social mais aussi pour me faire un petit copain, une idée qui m’était en tête depuis près de deux ans, à la suite du visionnement de séries télévisées québécoises sur la vie de couple comme 4 et demi (1994-2001). À la première rencontre, en septembre 2017, j’étais contente de rencontrer une dizaine de jeunes autistes ayant tous des intérêts diversifiés dont la géographie, les jeux vidéo, les films de Disney et la Formule 1.
Les deux rencontres qui me motivait à participer aux rencontres mensuelles sont une jeune fille de mon âge passionnée de bowling et d’arts plastiques et un garçon plus âgé qui est fanatique de géographie, de Formule 1 et de volcanisme, des sujets qui alimentent ma curiosité.
Si avec la première, nous parlons à chaque mois de nos réalités quotidiennes et que nous nous fréquentons régulièrement, la deuxième apporte une place un peu plus importante dans ma vie, c’est à dire que l’on se voit plus souvent à l’occasion d’une à deux fois par semaine. Nous nous sommes liés d’amitié parce que nous avons beaucoup de liens en commun (météorologie, astronomie et musique disco) et que nous avons les mêmes ambitions de vie. Au départ, quand il a su que je m’intéressais à la géographie et aux volcans, il m’a envoyé une demande d’amitié sur Facebook et je l’ai accepté puisque j’avais finalement une connaissance masculine qui avait les mêmes intérêts que moi, ce que l’on ne trouve pas partout. Par la suite, on a appris à se connaître davantage par le biais de Messenger à raison de 40 minutes par jour pour discuter de nos journées, ce qui nous passionnait dans nos intérêts communs.
Après deux semaines de communication informatique, on a décidé de se fréquenter afin de faire des activités qui nous intéressent comme aller au cinéma et au Planétarium de Montréal. Comme il habite dans une ville avoisinante (Saint-Barthélemy), il est facile de se véhiculer pour se voir.
Au fil des semaines, je commençais peu à peu à l’apprécier et à ressentir des sentiments pour lui parce que je voyais en lui tout ce que je cherchais chez un homme: la beauté, la gentillesse, l’intelligence et la débrouillardise. Un mois plus tard, je lui ai dit mes sentiments et c’était réciproque pour lui. C’est alors qu’un de mes rêves récents s’est réalisé : J’ai maintenant un copain pour vivre enfin de l’affection de la part d’un homme et d’être davantage autonome sans avoir toujours besoin de mes parents. J’expérimente avec lui tous les facettes de la vie de couple comme faire des concessions au niveau des intérêts, ce qui n’est pas toujours facile, se partager les coûts de la vie ainsi faire des sorties et diverses escapades ensemble. Je n’ai jamais cru que j’allais être en couple un jour puisque mon entourage se compose presque qu’exclusivement de femmes et que je n’ai pas réussi à tisser des liens avec le peu d’hommes que j’ai rencontré mais à force d’espérer, cela a fini par se concrétiser.
Nous avons fait des choses extraordinaires ensemble comme aller en voyage dans les Maritimes, concevoir un potager ou enregistrer une capsule radio sur la vie de couple pour la Société de l’autisme de Lanaudière sur la chaîne M.103.5 FM. C’était une expérience extraordinaire d’être dans un studio tout équipé de magnifiques micros et écouteurs et de pouvoir expliquer à la population qu’être en couple et autiste, c’est aussi extraordinaire que la vie de couple chez les non autistes.
En conclusion, j’ai maintenant mon réseau d’amis que j’ai toujours voulu avoir et je ne me sens plus seule en plus d’avoir un compagnon extraordinaire avec qui je peux réaliser toutes sortes de beaux projets.