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La bulle.over-blog.com

Bonjour, Je m'appelle Lucia Dauphin et je suis une jeune adulte autiste de 27 ans. C'est avec plaisir que je vous présente mon propre blog décrivant mon quotidien de personne asperger à chaque semaine afin de partager les facettes de l'autisme avec d'autres personnes que mon entourage.

Semaine 14: Les liens d'associations

Cette semaine, je poursuis le mois de l’autisme avec la difficulté des liens d’associations dans la communication verbale. Certains autistes, dont moi-même, éprouvent de l’incrédulité lors des échanges verbaux au quotidien. Comme ma vitesse de traitement de l’information est plus lente, c’est encore plus difficile dans une situation de stress ou lorsque la personne parle vite. C’est une double difficulté lorsque la personne est impatiente, comme c’est le cas parfois dans le service à la clientèle.

Je vais vous expliquer comment je réussis à surmonter les obstacles dans les conversations. Dans mon cas, c’est encore difficile ! J’y vais au jour le jour!

 

Comme exemple de ma difficulté à faire des liens;

À quinze ans, j’avais ma première rencontre de vaccination pour le cancer du papillome humain. Au début de la consultation, l’infirmière m’a demandé si c’était le premier vaccin que je recevais.

 Ne sachant pas si c’était de mon premier vaccin à vie ou le premier vaccin contre le VPH (virus du papillome humain)  que l’infirmière voulait parler, je ne savais pas quoi répondre. J’ai figé car l’infirmière n’a pas été assez précise dans sa formulation de question. C’est ce genre de lien d’association qui complique ma communication avec les autres.

Heureusement, ma mère qui m’accompagnait a répondu que c’était ma première dose d’injection pour ce vaccin. C’était pourtant évident comme question, mais pas pour moi!

La capacité à faire des liens d’associations est une composante majeure de l’interaction. Sans elle, notre faculté à se débrouiller et à bien communiquer est très problématique.

 

Comme autre exemple, il y a deux semaines, je discutais avec Martine, mon amie et professeur de zumba. Il nous arrive de nous croiser lors de certaines promenades dans le village de ma paroisse. Nous avons parlé ensemble de la météo prochaine et elle m’a dit qu’il allait faire 13, 14 ou 15 de température. Ne comprenant pas ce qu’elle voulait dire, je lui ai demandé : 15 cm de neige? Puisqu’il y avait encore de la neige et que c’était le début de mois d’avril, je croyais qu’elle me parlait des précipitations à venir. Elle m’a répondu qu’il allait faire de 13 à 15 degrés Celsius. Encore une fois, j’ai plus porté attention à l’information manquante qu’au propos global. J’ai souvent tendance à me concentrer sur des détails.

Un autre exemple : Ma sœur était en train de me raconter une anecdote à propos de son travail. Au lieu de dire « biologique » elle a dit « biochimique ». La biologie traite de la science de la vie sous toute ses formes tandis que la biochimie étudie les processus chimiques de la base de la vie… Bref, je lui ai fait perdre le fil de son anecdote puisque je l’ai interrompue pour la corriger!

C’est à force d’être en contact avec les autres que j’ai appris à être plus attentive et à demander au besoin des spécifications. Il n’y a pas de mal à faire répéter la personne ou lui demander d’être plus précise.

 

Du point de vue biologique, c’est simplement dû au fait que le cerveau d’une personne autiste est plus gros qu’un cerveau neurotypique. Aussi, il y a plus de neurones dans la zone frontale du cerveau qui s'occupe de la pensée, du langage, des mouvements volontaires et des émotions donc les transmissions neuronales se font moins bien qu’un cerveau régulier. Cette description est très brève puisque je ne suis pas spécialiste, c’était seulement pour vous donner une petite idée de la chose.

Si le sujet vous intéresse, vous pouvez consulter l’article : Les particularités du cerveau autiste rédigé en 2011 sur le site www.ici.radiocanada.ca  pour en savoir plus. Je n’ai pas pu trouver l’auteur de cet article mais l’étude a été réalisée par des chercheurs de l’Université de San Diego en Californie.

 

En résumé, même si je traite l’information différemment des autres personnes, le plus important, c’est ce que je réussisse à comprendre les conversations et les situations de la vie à ma manière. Je suis fière de pouvoir m’améliorer de jours en jours même si c’est un défi pour moi!

La semaine prochaine, j’aborderai un autre sujet qui concerne autant les neurotypiques que les autistes : l’empathie.

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