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La bulle.over-blog.com

Bonjour, Je m'appelle Lucia Dauphin et je suis une jeune adulte autiste de 27 ans. C'est avec plaisir que je vous présente mon propre blog décrivant mon quotidien de personne asperger à chaque semaine afin de partager les facettes de l'autisme avec d'autres personnes que mon entourage.

Semaine 9: Bénévolat à la bibliothèque et autres petits boulots

Pour pouvoir m’épanouir et acquérir de l’autonomie, j’ai fait tout au long de mon adolescence et de l’âge adulte plusieurs expériences de bénévolat et de travail afin de socialiser et d’apprendre toutes sortes de choses dans des domaines qui m’intéressent. Aussi, c’était pour faire comme la plupart des autres jeunes de mon âge et me préparer à pouvoir travailler régulièrement, si cela était possible parce qu’à mon adolescence, on voulait que je sois capable de faire le plus de choses possibles.

 

Comme je l’ai mentionné précédemment, j’ai fait mes premiers bénévolats dans un CPE et à mon école locale afin d’organiser des activités thématiques aux enfants. J’ai adoré ces expériences notamment grâce à mon contact avec les enfants qui m’a procuré beaucoup de bonheur. Le fait d’avoir préparé mes activités par moi-même m’a permis de connaître les apprentissages des groupes d’enfants et faire davantage des recherches sur ce qui pourrait intéresser les petits.

 

Par la suite, j’ai été aide de service à la garderie de l’une de mes tantes et de mes cousines à Notre-Dame des prairies. Durant deux étés, j’ai contribué au bien- être de la garderie en animant des activités pour les enfants de quatre et cinq ans et en aidant sur l’heure du dîner notamment en servant les repas aux enfants et en lavant la vaisselle. Aussi, j’apportais des films aux enfants pour les divertir durant l’après-midi. Cependant, je n’ai pas reçu le même accueil qu’à la petite école de la part des enfants. Ces derniers n’étaient pas toujours intéressés par mes activités parce qu’il y avait de la théorie et aimaient le plus souvent jouer dehors. Cela était pourtant normal parce que c’est vrai que je n’avais pas beaucoup d’expérience et dans ces conditions là, les petits sont plus portés à faire des choses qu’ils aiment plutôt que d’être avec une jeune fille qu’ils ne connaissent pas. Au bout du compte, les enfants ont été bien gentils et cela m’a permis de bien comprendre les besoins des tout-petits. Je suis fière de cette expérience parce que cela m’a permis d’être de plus en plus autonome lors de la préparation de ces activités que j’ai effectuée toute seule et grâce aux petites erreurs commises, j’ai pu m’améliorer davantage et de continuer à grandir en fin de compte.

 

 

C’est l’année 2012 qui a été charnière dans mon parcours professionnel et personnel. L’enseignante qui m’a scolarisée à la maison est devenue directrice d’un centre de pédiatrie sociale à Berthierville, inspiré de la méthode du Dr Gilles Julien (1946), pédiatre de Montréal ayant lui-même fondé cette pratique ayant pour but d’améliorer le bien-être des enfants en communauté ainsi que leur famille. Comme elle n’avait personne pour lui seconder et comme elle me faisait pleinement confiance en raison de mes capacités en orthographe et en gestion de l’information, mon enseignante m’a proposé d’être sa réceptionniste à raison de deux journées par semaine, moi étant sans-emploi à l’époque.  Le local était situé à l’école Sainte-Geneviève, mon ancienne école donc j'étais très heureuse d’être dans des lieux que je connaissais déjà et que j’ai adoré et comme ma tante qui m’a enseignée en première année travaillait encore à cette école, je pouvais donc aller la voir si jamais il se passait quelque chose.   

 

Après quelques jours de formation très enrichissants j'ai appris à classer des dossiers, rédiger des courriels de manière professionnelle et parler au téléphone, on m’a proposé de démarrer un contrat de travail avec l’entreprise de subvention à l’emploi Essor II, spécialisé à l’embauche de gens handicapés en collaboration avec le gouvernement du Québec. Comme je suis autiste et pas entièrement autonome, je fais partie de cette catégorie de gens. J’étais contente et honorée d’avoir un premier emploi comme tous les adolescents et l’idée de pratiquer le classement de dossiers, la rédaction de lettres et de répondre au téléphone me procurait du bonheur puisque ce sont des tâches passionnantes et que je suis capable d’apprendre facilement. Ma demande était acceptée aussitôt pour une durée de six mois avec un suivi d’Essor II à tous les deux mois.

 

 

Au début, j’étais supervisée mais au fil du temps, j’ai acquis de l’assurance et un peu plus d’autonomie. J’étais également fière d’avoir mes premiers chèques de paie et j’avais un peu d’argent à moi pour régler mes dépenses comme la plupart des gens que je connaissais. Par la suite, j’assistais parfois aux rencontres mensuelles du conseil d’administration de la pédiatrie sociale et j’ai même appris à rédiger des procès-verbaux. Cela fut complexe au départ mais j’ai fini par comprendre la procédure et la signification des termes courants comme une résolution, un ordre du jour et la phrase La séance est levée, qui voulait dire que la rencontre était terminée.

 

En marge de mes heures de travail, j’ai participé à des événements en lien avec l’entreprise comme un spectacle de percussions au Relais pour la vie, une marche qui ramasse des fonds pour la lutte contre le cancer, faire des tâches diverses au Festival Tout pour la musique de Berthierville ainsi que recueillir des dons lors de la guignolée du Dr Julien en 2012 qui implique tous les centres de pédiatrie sociale du Québec.

 

Tous ces événements m’ont non seulement apporté du plaisir mais ils m’ont aussi aidé à pratiquer davantage mon contact avec toutes sortes de gens et j’ai eu mes premiers contacts avec la caisse pour donner des montants d’argents aux clients, si on avait de l’argent à leur remettre. Même si j’étais accompagnée la plupart du temps, j’étais relativement autonome avec le public et les gens étaient fières de moi après ces événements et j’ai acquis plus d’assurance en moi pour pouvoir réaliser d’autres défis par la suite. Après mon contrat de travail, même une directrice scolaire, amie de ma patronne m’a proposée d’être sa secrétaire à son école. Même si le contrat était alléchant, j’ai refusé parce que cela allait être compliqué au niveau du transport et comme le personnel de cette école était totalement étranger pour moi, je ne savais pas si j’allais être bien dans cet environnement-là.

 

J’ai d’ailleurs fait de belles rencontres notamment celles des responsables des organismes communautaires de Berthierville et en étant en contact avec la vie communautaire de cette même ville, j’ai compris davantage la réalité de certaines de ces personnes qui ont besoin d’aide non seulement au niveau financier mais aussi au niveau social, ce qui est d’ailleurs le but favorisé par les centres de pédiatrie sociale de la province ainsi que de nombreux autres organismes communautaires. J’ai tellement aimé le travail de bureau que si je pouvais gagner ma vie comme secrétaire, cela ne serait pas une mauvaise idée.

 

 

Après quelques années consacrées à l’obtention de mon diplôme d’études secondaires, j’ai décidé de porter ma candidature comme bénévole en secrétariat à la Société de l’autisme Lanaudière à raison de deux journées par semaine. Comme j’avais accompli quelques cours au DEP de secrétaire et comme mon emploi à la pédiatrie sociale a été gratifiant, j’ai voulu continuer à développer mes compétences dans ce domaine. Malheureusement, je n’ai pas pu avoir le contrat parce que l’organisme avait tout son personnel et comme je ne sais pas conduire, cela était trop compliqué pour mes parents de me transporter à Joliette. J’apporte cependant mon aide lors des spectacles de variétés de personnes autistes en travaillant à la table des produits de l’organisme comme vendre des stylos ou des chandails et en faisant des témoignages de temps en temps.

 

À l’automne 2016, j’ai déposé mon curriculum vitae pour devenir bénévole à la Bibliothèque de Berthierville dans le cadre de deux journées par semaine. Je voulais exercer ce passe- temps parce que j’ai toujours voulu devenir bibliothécaire mais comme je n'ai pas pu faire d'études en raison de mon stress, je me suis résignée à être commis. C’est une fonction qui correspond à beaucoup de mes capacités et intérêts (bonne mémoire, passion pour les livres, classement facile pour moi et tâches informatiques) et il me convient parfaitement.  J’ai obtenu le contrat assez rapidement parce que l’une des bénévoles principales de la Bibliothèque est l'une des tantes de ma mère et elle avait déjà confiance en moi donc c’était une clé pour mon embauche. La coordonnatrice m’a donc passée en entrevue et a bien accepté mon autisme donc tout cela pour dire que cela va très bien. Les autres collègues aussi m’ont accepté comme j’étais et je m’entends très bien avec elles.

 

À tous les jeudis après-midi depuis plus de deux ans, je m’occupe de classer les livres, inspecter les rayons pour vérifier si les livres sont en ordre, effectuer les prêts et les retours de livres ainsi qu’enregistrer les magazines dans le système informatique. C’est moi qui s’occupe principalement de la section jeunesse de la bibliothèque notamment en préparant deux sélections thématiques de livres par mois selon le moment de l’année comme les plaisirs de l’hiver ou la Saint-Valentin. Je me renseigne pour savoir les sujets qui pourraient intéresser autant les tout petits que les plus grands afin de créer de belles sélections de livres et de suggérer mes coups de cœur de la littérature enfantine aux enfants qui fréquentent la Bibliothèque.

 

Depuis deux ans, je me suis occupée de la semaine des tout-petits à la Bibliothèque en montant une sélection de livres pour les zéros à cinq ans ayant pour thème le plaisir de lire et la visite à la Bibliothèque. Pour souligner l’ouverture de cet événement, j’ai monté une heure du conte en thème avec les livres pour les enfants du CPE Bouton de rose et ainsi leur présenter ma magnifique sélection littéraire.

 

Malheureusement, aucune personne n’est venue notamment en raison de leur non- disponibilité (les garderies ne sont pas toujours disponibles à participer à des événements en dehors de leur milieu). La première année, j’ai été extrêmement déçue de ne pas pouvoir animer mon activité, en raison des efforts considérables que j’ai mis pour l’organiser. J’ai failli craquer et m’éclater en sanglots tellement que j’étais mal. Je voulais que mon copain soit là avec moi et qu’il me serre dans ses bras. Avec beaucoup de calme et de centration sur moi -même, j’ai pu lâcher prise et oublier cet incident. La même situation s’est produite en 2018 mais cette fois, je n’ai pas eu de réactions même si je ressentais de la déception et de la tristesse en moi. J’ai continué mon travail comme si rien ne s’était passé et j’ai continué à me dire qu’un jour, je vais en animer des heures du conte. Le principal, est ce que rien de grave ne s’est passé et que ma sélection de livres était toujours là, ce qui n’est pas rien.

 

J’ai acquis mes principales ambitions que je voulais à la bibliothèque soit de vouloir apprendre la plupart des tâches principales et de m’occuper de la section jeunesse. Au bénévolat comme dans toute chose, on n’a jamais terminé d’apprendre donc on continue d’en savoir plus à chaque jour.

 

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