Bonjour, Je m'appelle Lucia Dauphin et je suis une jeune adulte autiste de 27 ans. C'est avec plaisir que je vous présente mon propre blog décrivant mon quotidien de personne asperger à chaque semaine afin de partager les facettes de l'autisme avec d'autres personnes que mon entourage.
19 Février 2019
J'ai passé mes quatre premières années de secondaire à la maison pour ne pas subir de l'intimidation de la part de d'autres adolescents et cela allait être trop épuisant se promener dans une école beaucoup plus grande que mon école primaire, surtout que la plupart des élèves allaient être des inconnus. Durant cette période, j'ai fait des recherches sur le programme d'éducation québécoise pour connaître les différents apprentissages du secondaire et je me suis procurée les cahiers d'apprentissages recommandés par le programme d'éducation internationale pour avoir un esprit ouvert sur le monde. En plus de mes apprentissage scolaires, j'ai suivi des cours de danse traditionnelle pour continuer à briser mon isolement et je me suis initiée à toutes sortes de sujets parascolaires qui me passionnent comme les arts visuels et l'écriture. Même si je n'étais pas scolarisée, je me suis épanouie comme une fleur au printemps et j'ai pu apprendre également les tâches domestiques comme la cuisine et l'entretien ménager.
En 2012, après quatre ans de scolarisation à la maison, j’ai rempli les formulaires d’inscription pour la formation à distance de l’éducation des adultes pour enfin terminer mes études secondaires et de pouvoir apprendre à mon rythme, une méthode idéale pour moi. La première étape lors de la procédure d’admission est de me soumettre aux examens de classement pour déterminer à quel niveau je dois commencer. Ces épreuves étaient difficiles pour moi parce que comme j’étais le plus souvent seule à la maison, je n’ai pas eu recours à beaucoup d’aide pour réaliser mes apprentissages et puisque je ne connaissais pas les notions de quatrième et cinquième secondaire, c’était plus compliqué. Je répondais aux questions le mieux que je pouvais et le résultat était troisième secondaire pour le français et l’anglais mais premier secondaire pour les mathématiques.
J'ai commencé en septembre 2012 et tout se passait très bien. Mes notes étaient excellentes, j’ai acquis une bonne autonomie et je n’ai pas eu de difficulté à comprendre les notions. Comme à l'époque de ma scolarisation à la maison, j'ai fait des recherches pour bien comprendre mon travail et j'ai travaillé quelques fois les fins de semaine. Un an plus tard, à la fin de mon troisième secondaire, mon enseignant tuteur m’a suggéré de m’inscrire à l’école de l'éducation des adultes parce qu’au niveau rendu, c’était plus difficile et j’aurai eu besoin d’avantage d’explications, surtout pour les mathématiques et la compréhension littéraire. Je suis donc entrée à l’école L’envol de Berthierville en novembre 2013 parce qu'en suivant des cours en direct, ce serait plus utile avec un enseignant près de moi prêt à répondre à toutes mes questions et que dans un établissement scolaire, mes études se dérouleraient plus rapidement parce qu'à la formation à distance, cela nécessitait du temps de voyagement pour les examens, les rencontres avec mon enseignant tuteur et porter mes devoirs.
À l’envol, il y avait trois locaux et une vingtaine d’élèves par classe, un ratio que je trouvais intéressant et convenable pour moi. Les enseignantes étaient très gentilles et m’aidaient du mieux qu’elles pouvaient. D'ailleurs, elles m'ont apporté une aide précieuse et ont fait en sorte que je puisse bien réussir. Je me découvris même une passion pour l’écriture et les sciences. J’adore ces deux sujets parce que j’aime exprimer sur papier ce que je ressens et parce que j’aime découvrir de nouvelles choses qui révolutionnent la vie. J’ai toujours aimé les sciences et ses branches comme l’astronomie, la météorologie et la biologie humaine. Aujourd’hui, je m’informe toujours sur l’actualité scientifique en allant sur Internet et en lisant des magazines spécialisés dont le « National Geographic ».
Au niveau de l’écriture, j’aime beaucoup inventer des histoires de tous genres inspirés de films ou de séries télévisées que j’aime visionner. J’ai l’habitude de me les imaginer dans mon esprit, et non de les mettre par écrit. À l’école, j’ai travaillé très fort pour exprimer ce que je veux écrire et je m’en suis sortie avec de très bons résultats. Si bien qu’en 2013, j’ai participé au concours « Ma plus belle histoire ». J’ai écrit un conte sur trois orphelines du Danemark voulant une vie meilleure. Même si je n’ai pas gagné, je suis contente d’avoir eu le courage d’avoir participé à un concours. J’ai intégré l’équipe du journal étudiant afin d’écrire une chronique saisonnière sur des escapades dans Lanaudière comme des bons restaurants pour la Saint-Valentin ou des festivals Lanaudois au courant de l’été 2014. J’ai choisi les sorties comme sujet de chroniques parce que je sors souvent et comme les jeunes adultes aiment s’amuser, c’est une bonne chose partager ce que l’on connaît comme endroits de divertissement.
Les autres élèves du centre étaient très gentils avec moi et comme j’étais bien cultivée, ils ont été impressionnés par mon lot de connaissances. Lors de la journée de la persévérance scolaire en février 2014, j’ai eu plusieurs cartes d’encouragement de certains élèves. C’était un geste touchant parce que c’était l'une des premières fois que j’ai ressenti autant d'appréciation à l’école depuis la fin de mes études primaires mais je n'ai pas réussi à me faire de vrais amis. Sur l'heure du dîner, soit que je discutais avec les élèves, soit je m'installais avec un bon livre en attendant que les cours recommencent, tout en étant en contact avec mon environnement.
Entre temps, je me suis inscrite au cours de zumba dans ma paroisse pour pratiquer un autre genre d’exercice cardiovasculaire. Comme j’ai déjà fait de la danse aérobie en cinquième année du primaire, j’étais très contente d’en refaire. La zumba est une passion pour moi parce que j’adore danser au son de la musique latine, les mouvements ne sont pas compliqués et j’ai su avoir de bons contacts au fil des années. Aujourd’hui, je pratique toujours cette activité.
Cette belle période durait encore pour sept mois. À la fin de mars 2015, j’ai enfin mon diplôme d’études secondaires après une trentaine de mois de travail. Ce fut un jour très important dans ma vie parce que non seulement je suis fière d’avoir réussi ce que j’ai accompli mais parce que j’ai fait la plupart du travail par moi -même malgré les aides précieuses que les enseignants m'ont apporté.
Quelques jours après la fin de mes études secondaires j’ai entrepris les procédures d’inscription pour suivre un cours de secrétariat au centre de formation professionnelle local. J’ai choisi de suivre ce cours parce que j’ai déjà été secrétaire dans un centre de pédiatrie sociale à Berthierville et comme j’aime la grammaire française, la communication téléphonique et le classement des documents, ce serait une bonne vocation. J’ai réussi l’examen d’admission en français et j’ai commencé mon cours en septembre 2015.
Contrairement à l’éducation des adultes, le cours de secrétariat était plus sérieux comme respecter son échéancier à la lettre, être toujours à l’heure aux cours même si à ma précédente école, cela pouvait aller si on n’arrivait que cinq minutes de retard ou si on allongeait notre échéancier de deux semaines. C'était pourtant clair parce que à cette école, on apprenait comment cela ressemblerait le vrai travail de secrétaire. Je n’aimais pas cette nouvelle vie parce que je n’aimerais pas travailler le soir quand il y aurait du retard et j'avais peur que les examens soient difficiles, même si je réussissais mes leçons. De plus, le fait d'être dans de nouveaux lieux avec des inconnus m'ennuyait parce que j'aime être avec des gens que je connais. Par contre, j’aimais la compagnie des jeunes apprenti-secrétaires ainsi que les sujets appris en classe comme la méthode de doigté, la gestion des documents ou écrire un texte sans erreurs orthographiques, même si mes erreurs grammaticales sont rares.
Malgré huit réussites de modules, j’ai dû arrêter l’école parce que j'ai commencé une bronchite en décembre 2015 dû à mon stress des examens, de la vie en classe et du décès mon grand-père maternel à l’automne, une épreuve qui n’était pas facile. Mes parents ont approuvé cette décision et en 2016, j’ai décidé de m’investir davantage dans ma vie à la maison comme faire le grand ménage de la maison et faire plus de cuisine.
Après quelques mois de repos, j’ai eu le courage de me réinscrire à l’école de secrétariat afin de terminer mon cours et d’avoir une profession reconnue. Peine perdue, je ne suis resté qu’une semaine, mon stress n’ayant pas changés depuis un an.
J’ai décidé d’abandonner l’école pour de bon afin de ne pas tomber malade encore une fois et d’avoir une mauvaise qualité de vie. Comme ma bronchite a duré deux mois la dernière fois, je ne voulais absolument pas recommencer. D'un autre côté, j’étais triste de ne pas pouvoir exercer le métier de secrétaire parce que classer des dossiers, parler au téléphone et rédiger des lettres, étaient des choses que je savais faire avec facilité.
Même si mes études ne m'ont pas conduites directement à un métier, je suis contente d'avoir au moins mon diplôme d'études secondaires et quelques compétences de secrétaire. Grâce à cela, je suis de plus en plus autonome, faire des liens est devenu plus facile et plein de portes sont ouvertes pour moi. Même si je n'ai pas de métier en poche, je peux m'épanouir et pratiquer mes faiblesses de diverses façons en suivant des cours d'exercices, en faisant du bénévolat et en socialisant avec des gens extraordinaires.