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La bulle.over-blog.com

Bonjour, Je m'appelle Lucia Dauphin et je suis une jeune adulte autiste de 27 ans. C'est avec plaisir que je vous présente mon propre blog décrivant mon quotidien de personne asperger à chaque semaine afin de partager les facettes de l'autisme avec d'autres personnes que mon entourage.

Semaine 6: Mon parcours scolaire 3

Même si j’ai été victime d’intolérance à mon égard par plusieurs élèves, mes études primaires se sont bien déroulées. J’ai été choyée par la plupart de mes enseignantes et même si j’ai eu recours aux services d’une éducatrice et d’une orthopédagogue en sixième année, j’ai travaillé fort, souvent par moi- même pour réussir mes examens annuels malgré les quelques bas de mon quotidien. À la fin de ma sixième année, je ne savais pas encore que l’école secondaire serait une tout autre chose non seulement au niveau des apprentissages mais aussi au niveau de l’organisation de l’école : environnement plus grand, nombre beaucoup plus élevé d’élèves, et comme je serai rentrée dans le monde de l’adolescence, je serai une cible pour l’intimidation, le pire ennemi de la société. Comme j’ai mentionné dans le précédent article, moi et ma mère avons pris la décision de me faire faire la plupart de mes travaux scolaires à domicile afin de pouvoir travailler tranquille sans être dans une classe bondée d’élèves et de bruit inutile pour mes oreilles. J’irai donc à l’école une journée par semaine et une éducatrice était même intéressée à me consacrer du temps. Cette dernière et la directrice de la polyvalente étaient d’accord de cette entente.

 

C’est alors qu’en août 2008, quelques jours avant la rentrée des classes que moi et ma mère sommes allées rencontrer le personnel du lycée pour voir si tout était clair avant que l’année scolaire commence pour de bon. Malheureusement, les enseignants nous ont dit que l’entente que nous avons prise ne pouvait plus tenir puisqu’ il y aurait trop de cours magistraux à suivre et qu'il y avait pas d'accompagnement comme je l'aurais souhaité.

 

Par la suite, ma mère a pris contact avec la Commission scolaire locale afin que l'on puisse recevoir de l'aide à propos de la scolarisation à la maison. Ils n’ont pas pu nous donner toutes les ressources pouvant nous convenir mais ils nous ont proposé de nous rencontrer trois fois par année afin que j’aie leur montrer mes apprentissages effectués tout au long de l’année, offre que nous avons accepté. Heureusement que le système scolaire a évolué depuis l'époque et qu'il offre maintenant de bons services pour les jeunes autistes. 

 

N’ayant pas trouvé de programme scolaire pour m’instruire, ma mère a contacté une amie enseignante ayant l’habitude de travailler avec des adolescents ayant des particularités afin de m'enseigner ce que l'on apprenait au niveau secondaire. Comme elle était enceinte à ce moment-là, elle aurait tout son temps à me consacrer pour m’assister dans mes apprentissages. De plus, je m'étais inscrite à un cours de danse folklorique dans l'ensemble traditionnel La foulée à Notre-Dame des Prairies afin de socialiser davantage puisque je verrai moins de gens qu’avant et d’avoir une période d’éducation physique par semaine afin d’être en forme.

 

L’enseignante était très gentille. Les rencontres hebdomadaires se déroulaient très bien et comme elle connaissait bien l’autisme, l’enseignante allait à mon rythme pour que je puisse bien intégrer les apprentissages même si c’était que quelques heures par semaine. Mes nouveaux apprentissages étaient inspirés du programme d’éducation internationale (PEI) du Collège Esther Blondin, école que fréquentait sa fille, d’un an mon aînée. C’était ce genre d’apprentissages qu’on voulait le plus pour moi afin que j’aie de meilleures connaissances et d’avoir un esprit ouvert sur le monde. Nous avons donc acheté les livres recommandés par le collège et le programme PEI et je me suis fixé un nombre de pages à faire par semaine dans chaque matière scolaire. Quand mon enseignante n’était pas disponible pour me donner un coup de pouce, je me renseignais sur Internet et même sur Allo prof pour que je puisse résoudre mes problèmes le plus souvent par moi- même. Ma mère et ma sœur m’ont également donné des conseils pour bien réaliser mes projets et mon portfolio bis-annuel pour montrer à la Commission scolaire afin que ces derniers puissent voir que je suis capable d’apprendre et d’être bien organisé. Même qu’il m’arrivait d’étudier les fins de semaines pour m’avancer et perfectionner mon travail. C’est d’ailleurs grâce à cette période de ma vie que je suis devenue perfectionniste.

 

L’école à la maison a été une très belle expérience pour moi. Cela m’a appris à être davantage autonome puisque je devais réaliser la plupart de mes apprentissages seule et suivre un horaire assidu que j’ai moi-même planifié tout en respectant le plus possible l’horaire de l’école régulière et mes limites et ce, sans subir toutes les complexités liées à l’école secondaire comme l’intimidation, les bruits et la surpopulation quotidienne.

 

Je me levais à tous les matins vers sept heures et je travaillais dans mes livres durant près de cinq heures par jour et j’allais prendre l’air dehors au moins une heure par jour. Je lisais également à tous les soirs avant d’aller au lit et je faisais de même durant le reste de la semaine.

 

 

 

 

Comme le programme international comprenait des périodes de bénévolat, j’ai eu la chance d’aller animer des activités pour enfants au centre de la petite enfance « Bouton de rose » à Berthierville. J’animais des activités thématiques comme raconter un conte d’halloween, leur enseigner la fabrication du savon artisanal et de cuisiner des cornets à l’érable dans le cadre de la cabane à sucre et ce, de façon sécuritaire et chaleureuse.

 

J’aimais beaucoup animer ces activités. Même s’il y a parfois beaucoup de bruit, j’aime l’ambiance dans les garderies grâce aux décorations, à la petite musique de fond et surtout, les enfants. J’adore la présence des enfants parce qu’ils sont gentils, amusants et écoutent quand on leur parle. Aussi, j’aime préparer l’activité d’avance, en faisant des recherches et se pratiquer afin de ne pas faire d’erreurs devant les jeunes personnes. L’éducatrice du groupe m’a accueilli avec grande gentillesse et était très reconnaissante que j’aie consacré une partie de mon temps avec ses élèves. Je suis retournée à cette garderie en 2011 mais cette fois -ci pour aller nettoyer des jouets et animer une heure du conte hebdomadaire aux enfants de quatre ans qui fut également une autre belle expérience.

 

En 2010, j’ai été contactée par l’enseignante de la maternelle de l’école Sainte-Anne afin d’aller animer des activités thématiques une fois semaine pour les élèves de sa classe après lui avoir fait part de mon expérience à la garderie et que j’aimais les enfants.

 

Les activités étaient thématiques selon la période de l’année comme le temps des sucres, les dinosaures ou les arbres. Le fait de préparer mes activités était un travail épanouissant pour moi et me permettait d’améliorer mon autonomie comme effectuer des recherches sur ce qui pourrait convenir à des petits, les bienfaits apportés et ce, en ayant du plaisir.

 

C’était mon atelier préféré de bénévolat parce que j’aimais être en présence d’autres enfants mais comme ils ont aimé mes activités, ils étaient reconnaissants et ils voulaient faire davantage de choses avec moi comme que je leur raconte une histoire ou que je joue avec eux. J’aimais le sentiment d’être appréciée par d’autres enfants parce que j’étais fière de mon travail de bonne animatrice et d’intervenante et c’est spécial l’appréciation de la part d’un petit enfant. Grâce à ce sentiment et au déroulement de l’activité, j’avais toujours hâte à la prochaine fois pour vivre encore de bons moments avec eux.

 

À la fin de mon premier contrat, les petits m’ont fait chacun un dessin pour me remercier d’avoir passé du temps avec eux. J’étais si contente de leur cadeau et j’ai remercié également l’enseignante de m’avoir permis de réaliser cette belle expérience. J’ai été convoquée pour un autre hiver en 2013 et c'était tout aussi passionnant.

 

En plus de ma vie d'étudiante, je suivais mes leçons de danse traditionnelle. C’était une des belles sœurs de mon père qui avait la troupe de danse en charge et quand je lui ai dit que je voulais danser, elle me plaça dans le groupe « La relève » c’est-à-dire pour les pré-adolescents de onze à quatorze ans. En plus des danses collectives (farandoles, sept-carrés), j’ai appris la gigue et le gumboot, une danse d’origine africaine où l’on danse en tapant sur des bottes de pluie. Ma cousine était l’enseignante principale donc j'étais à l’aise avec elle.

 

Les cours se déroulaient le mercredi soir de 18h30 à 20h00. Comme j’aime beaucoup la musique québécoise et danser, j’avais de la facilité à apprendre les facettes de la danse folklorique. En plus des cours hebdomadaires, il y avait quelques spectacles durant l’année un peu partout dans Lanaudière comme le Festi-glace, les marchés de noël ou même un échange culturel entre le Chili et le Québec à l’été 2011.

 

 

 

Ces spectacles sont gravés dans ma mémoire parce que cela m’a permis de faire des performances en public et aussi en savoir plus sur les différents festivals de Lanaudière et effectuer de belles rencontres comme les jeunes chiliens lors de l’échange culturel.

 

Mon événement préféré a été les marchés de noël en 2009 et 2010 parce que j’ai bien aimée l’ambiance du temps des fêtes et de la danse traditionnelle combinés. Comme cela se déroulait à l’Assomption, un village que j’aime beaucoup, j’avais du plaisir à danser et j’aimais bien prendre un chocolat chaud après ma prestation, petite routine qui me faisais du bien.

 

Comme toute école d’art de la scène, il y avait un spectacle annuel pour la foulée. Donc de Février à Mai, on travaillait très fort pour présenter une prestation à la Salle Rolland-Brunelle de Joliette devant quelques centaines de personnes. Lors de la première année de danse, j’avais le trac de me présenter sur scène mais en même temps, j’étais excitée de faire partie d’un spectacle sur une vraie scène tout en me faisant coiffer, maquiller et habiller, comme une vraie artiste.

J’ai tellement aimé cette expérience que j’ai décidé de poursuivre l’aventure pour trois autres années et ce, en augmentant de niveau à chaque année.

 

Le contact avec les autres jeunes danseurs n’était pas très facile. Puisque j’étais autiste et fraîchement nouvelle dans le groupe, ils ne me parlaient pas beaucoup, en plus de la gêne et de la différence d'âge (j'avais treize ans et les autres dix ans). Une fois de plus, la tristesse me gagnait encore parce que ces jeunes faisaient partie d’un de mes seuls moments de socialisation et ce n’était pas facile de créer des liens avec eux. Cependant, les plupart des jeunes étaient sympathiques. 

 

Lors de la quatrième année d’apprentissage, les danseurs grandissaient et leur esprit murissait mais les relations n’étaient pas très scellées. D’un autre côté, j’avais ma famille en guise de communications donc, je n’étais pas toute seule et j’étais bien entourée.

 

Après trois ans et demi de danse dans le groupe des adolescents, j’ai demandé un transfert dans le groupe des adultes parce que je voulais apprendre pour le plaisir sans subir la pression de la compétition.  Au niveau où l’on était rendu, on commençait à avoir d’autres exigences. Aussi, je savais qu’avec les adultes, les relations seraient plus faciles pour moi. Les leçons se déroulaient très bien et mes nouveaux compagnons aimaient bien voir une jeune fille de l’Unité de spectacle avec eux et étaient impressionnés par mes connaissances en danse québécoise puisque j’étais dans niveau plus avancé qu’eux. À la fin de l’année, j’ai abandonné la danse afin de me consacrer à d’autres disciplines pour divertir mes occupations.

 

 

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