Bonjour, Je m'appelle Lucia Dauphin et je suis une jeune adulte autiste de 27 ans. C'est avec plaisir que je vous présente mon propre blog décrivant mon quotidien de personne asperger à chaque semaine afin de partager les facettes de l'autisme avec d'autres personnes que mon entourage.
5 Février 2019
Durant mes trois premières années du primaire, j’ai été scolarisée à Berthierville puisque certaines des enseignantes connaissaient ma mère et comme l'autisme n'était pas très connu à l’époque, on voulait que je sois entre bonnes mains pour que rien de déplaisant arrive. Ces années se sont très bien déroulées et j’ai eu de bonnes notes durant mes examens. Si bien qu’à la fin de ma deuxième année, j’ai demandé à mes parents de m’inscrire à mon école locale pour y finir mes études primaires. C’est alors qu’à l’automne 2004, j’ai entamée une quatrième année d'école dans de tous nouveaux lieux et de gens que je ne connaissais pas vraiment. Je n’étais pas dépaysée de ces nouveaux faits et je me suis intéressée aux jeunes filles dès la première semaine de classe.
Comme nouveauté notable cette année-là était les cours d’anglais. Même si je connaissais cette langue depuis l’âge de cinq ans grâce aux dessins animés pour enfants, j’ai eu un peu peur parce que je ne savais pas à quoi ressemblerait ce genre de cours. J’ai adoré ces cours après une semaine d’apprentissage et je me découvris une passion pour cette langue. Si bien que je me suis mise à écouter davantage d’émissions en anglais sur la chaîne de télévision PBS Kids.
Lors de cette année, l’école a engagé une éducatrice spécialisée pour me soutenir lors des heures de classe parce que mon enseignante n’avait pas de temps à me consacrer. En plus de m’aider, elle m’organisait des réunions avec d’autres élèves de ma classe pour pratiquer mes habiletés sociales comme monter un spectacle de marionnettes pour les enfants de la maternelle. Quand elle était dans la classe, elle a écrit dans un cahier le résumé de la journée ainsi que mes difficultés rencontrées, tant académiques que sociales afin que j’en parle avec mes parents et ainsi voir ce qui fallait améliorer. Cette méthode a bien fonctionné et cela m’a permis de me corriger davantage. La troisième année a été pour moi une période difficile. Encore, j’éprouvais des difficultés en écriture cursive et mes cahiers n’étaient pas toujours très beaux à voir. Je n’avais pas toujours de beaux résultats, mon attention laissait à désirer et je posais encore des questions hors contexte. Cela me rendait très triste parce que j’aime quand quelque chose est bien fait.
Le soir, je devais pratiquer mes difficultés à la maison. Cela n'était pas facile parce que j’étais fatiguée au retour de l’école et je devais essayer de pratiquer mes difficultés par moi-même. Ma mère m'expliquait tout de même ce que je ne comprenais pas. Cependant, ces séances ont porté fruit et mes apprentissages devenaient plus faciles. Au fil des années, l’école devenait pour moi de plus en plus plaisant et facile.
La vie à Saint-Norbert continuait à merveille pour dix huit mois. C’est au cours de l'année 2006 que cela se compliqua. À cet âge-là, à onze ans, je posais encore très souvent des questions sur Walt Disney, les films et les émissions pour enfants tandis qu’à cette période de la vie, à la pré-adolescence, on mature au niveau de l’esprit, on veut faire comme les grandes personnes. Après une certaine période, quelques filles de l'école trouvaient mes questions répétitives et mes champs d'intérêt enfantins, ce que j'ai interprété comme du rejet. Voyant cela, j’étais malheureuse de voir que d' autres personnes ne s’intéressaient pas beaucoup à mes sujets. Je ne comprenais pas ce qui se passait en ce temps-là. Plus personne n’écoutait vraiment les films de Disney à leur âge donc je devais m’intéresser à d’autres sujets pour me lier aux autres enfants de ma classe mais je n' y arrivais pas en raison de mon autisme. C’était une période sombre de ma vie et je ne souhaite plus jamais vivre cela. Ma famille était très triste de me voir malheureuse et voulait tout faire pour ne plus me voir souffrir émotionnellement.
Je me suis jointe à des jeunes filles de sixième année pour combler mes moments de récréation et ce, en parlant toujours des mêmes sujets et en posant les mêmes questions. Après quelque temps, certaines de ces filles démontraient moins d'intérêt à m'écouter. J’étais enragée! Même des élèves de d'autres classes n’en pouvaient plus d’entendre mes questions. Il y avait quelques camarades avec qui je pouvais causer mais pas plus. J’ai donc pris mes distances avec certains groupes et je soulageais ma peine dans mes jeux d’ordinateur d’encyclopédies scientifiques comme les guides de la connaissance des éditions Québec Amérique ainsi que d’émissions pour enfants comme Iniminimagimo (1987-1990), qui faisait vivre sur le petit écran les nombreux contes traditionnels de notre enfance. Je comprends maintenant que les élèves à cet époque ne connaissaient pas l'autisme et ils étaient encore des enfants. Mais cela ne m'empêchait pas d'être triste.
Je m’approchais de l’adolescence et j’ai entendu dire qu’à l’école secondaire, les moqueries étaient bien pires qu’à l’enfance et que dans mon cas, cela allait être catastrophique. Ma mère m' proposé de faire mes études secondaires à la maison pour être à l’abri de ce terrible fléau de la société qu’est l’intimidation. Comme elle connaissait des gens qui ont déjà réalisé l’expérience avec succès, elle avait quelques connaissances sur le sujet et a dit que cette méthode d’apprentissage serait parfaite pour moi.
Pour mes études secondaires, je voulais aller au même collège que ma sœur à Saint-Jacques mais comme il était situé à 90 minutes de route de mon village, cela ne serait pas une bonne idée parce que je serais très fatiguée pour faire mes devoirs et peut-être le reste de ma semaine.
Je suis allée à la journée portes ouvertes de l’Académie Antoine Manseau de Joliette (anciennement le séminaire de Joliette) parce que je voulais étudier dans un collège privé. Je n’ai pas fait la demande d’admission parce que je me sentais pas prête à y étudier au final, après avoir bien réfléchi parce que je n'étais pas très autonome à l'époque. Également, j'avais peur que le travail soit difficile pour moi parce que j'éprouvais encore quelques difficultés scolaires, notamment en mathématiques et en compréhension littéraire. Mon école secondaire local avait un programme d’études enrichi pour les élèves qui voulaient faire des études poussées. Moi et ma famille avons pris des ententes pour que j’assiste aux cours magistraux une fois par semaine et faire le reste du travail à domicile, une idée qui m’a plu. L’école ne trouvait pas cette idée mauvaise et l’éducatrice se proposait même de m’aider à diverses occasions.
Même si ce n’était pas toujours facile, je suis fière d’avoir réussi mes études primaires et je garde un beau souvenir de l’école Sainte-Anne et de ses enseignants. L’entrée à l’école secondaire me faisait peur parce que l’on m’a dit que ce serait une période difficile et exigeante en raison des apprentissages plus poussés et que je devrais travailler très fort pour y arriver. Avec raison. J'allais être dans un environnement plus grand avec pas beaucoup de repos entre mes cours et j'allais être avec toutes sortes de gens, même des personnes redoutables.
À suivre la semaine prochaine.