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La bulle.over-blog.com

Bonjour, Je m'appelle Lucia Dauphin et je suis une jeune adulte autiste de 27 ans. C'est avec plaisir que je vous présente mon propre blog décrivant mon quotidien de personne asperger à chaque semaine afin de partager les facettes de l'autisme avec d'autres personnes que mon entourage.

Semaine 4: Mon parcours scolaire 1

Mon parcours scolaire a été le champ de bataille d’une grande partie de ma vie. Cela a été une période agréable sans événements majeurs mais en raison de mon état, le système scolaire n’était pas toujours adapté pour moi en raison de certaines de mes limites intellectuelles dont ma difficulté de compréhension et de ma faible capacité de faire des liens, notamment lors des examens. Donc, j’ai dû travailler très fort pour obtenir mon diplôme d’études secondaires et notamment m’entendre avec les autres élèves de mes différentes classes au fil des années, une autre épreuve difficile.  Avant d’aller dans ces détails, permettez-moi de vous raconter ma rencontre avec l’école.

 

Septembre 2001, mes premiers contacts avec ce lieu qui nous apprend, comme la majorité de gens le disent, l’essentiel des apprentissages de la vie comme savoir lire, écrire et compter mais aussi pour se faire des amis et bien s’entraider, des caractéristiques que je n’avais pas du tout dans le sang à cet époque-là. Lors des premières années, j’ai été scolarisée à l’école Sainte-Geneviève de Berthierville parce qu’à mon école locale, on n’avait pas les ressources pour me recevoir, en raison de mon état. On avait choisi Berthierville parce que c'était l’école de ma mère quand elle était jeune et une des enseignantes était l’une de ses amies qui était prête à s’occuper de moi en plus du reste de sa classe composée d’une vingtaine d’élèves. La maternelle ressemblait aux apprentissages de la garderie maison mais elle nous apprenait davantage la lecture, le dessin et bien ramasser ses jouets ou autres effets personnels. Il y avait tout de même des activités de groupe comme chanter des chansons et des discussions sur des sujets de notre âge. Il m’arrivait parfois d’interrompre mon enseignante pour poser des questions hors-contexte, ce qui me valut quelques avertissements de la part de cette dernière.

 

Généralement, tout se passait bien. J’ai eu de bonnes notes lors des examens annuels et je m’entendais bien avec les autres amis, même si je ne leurs parlai pas beaucoup. Si bien que lors de mon sixième anniversaire, j’ai invité la moitié des élèves de ma classe à venir dîner au restaurant McDonalds et aller voir le film Monstres Inc. C’est mon père qui a fait le transport en allant chercher et reconduire les enfants à leur domicile.  C'était une journée inoubliable parce que c'était la première fois que j’ai fait une sortie avec autant d’amis. Cette année-là, une passion commençait à naître en moi : le dessin et le coloriage. Je me suis motivée à pratiquer cet art parce que j’aime beaucoup appliquer des couleurs sur un dessin et comme je savais bien tenir un crayon à ce moment- là, l’idée d’expérimenter des barbouillages sur une feuille de papier me plaisait. Par contre, j’ai eu de la difficulté au départ en raison de mes difficultés en motricité fine.

 

Vers la fin de l’année scolaire, il y avait une visite de la première année du primaire pour nous faire visiter le pavillon du premier cycle du primaire et nous donner un avant- goût de l’année suivante. Je n’ai pas aimé cette journée parce que l’organisation de la journée n’était pas faite pour moi en raison que l’école était plus grande que la maternelle et on n’avait pas beaucoup de temps pour s’occuper de moi. Cependant, j’ai aimé les activités d’apprentissage et j’avais même hâte à ma première année. Quelques jours plus tard, j’ai passé une évaluation d’écriture avec une enseignante de première année et cela s’est très bien déroulé. Ma première année d’école était une réussite et mes parents n’ont pas eu peur pour la suite des procédures.

 

L’hiver 2002 était difficile pour ma famille. Ma mère a dû se faire opérer pour une hernie discale et a passé beaucoup de temps à l’hôpital. On était très inquiets pour elle. Pendant ce temps, mes grands parents maternels se sont occupés de nous en nous préparant les repas et en allant me chercher à l’école.

 

Septembre 2002 : Le commencement d’une nouvelle année à Berthierville. Mon enseignante allait être nulle autre que l’une de mes tantes que j’aime beaucoup donc je ne fus pas inquiète de cette nouvelle année. Dans les premiers temps, je trouvais le temps long mais au fil du temps, j’ai fini par m’habituer. Au niveau des apprentissages, c’était plus difficile qu’à la maternelle parce qu’il fallait que je pratique davantage mon arithmétique comme additionner et soustraire, j’avais maintenant des cours de danse et de musique, mes matières préférées et j’apprenais les classes de mots de base comme les noms, les verbes et les adjectifs. J’aimais lire le manuel de français Lexibul en raison des thématiques du livre et des histoires proposées. Il y avait aussi la chanson thème que je ne pouvais me passer d’entendre. Les épreuves d’évaluations dont les dictées hebdomadaires, les examens, tout cela s’est bien déroulé mais il m’arrivait encore d’interrompre mon enseignante pour parler de sujets hors-contexte.

 

Parmi les camarades, il y en avait quelques uns de la maternelle que j’ai retrouvé mais j’ai fait d’autres rencontres tout aussi agréables.

 

J’aimais bien être en compagnie des jeunes filles lors des récréations et j’aimais bien aller avec elles aux balançoires. Lors de ces moments, j’aimais chanter toutes sortes de chansons mais les grandes personnes ont dû m’en dissuader parce que cela faisait bizarre pour quelqu’un de mon âge. Cela était difficile au début mais j’ai fini par arrêter.

 

Avec les garçons, le contact était encore plus difficile. Comme mes habitudes étaient bizarres, j’étais plus sujette aux moqueries, ce que je détestais subir comme toute personne. Les relations empiraient avec le temps jusqu’au jour où j’ai été malmenée par une bande de jeunes garçons. Ils me poussaient sur le sol et me faisaient manger de la neige. Je voulais aller voir la surveillante pour que cela cesse mais les garçons me poussaient au sol. C’est qu’au moment où la cloche sonnait pour retourner en classe qu’ils ont fini par arrêter. Je n’ai plus jamais été avec des bandes de gars lors des récréations. Pour me protéger davantage, mes parents m’ont conseillé de marcher avec la surveillante lors des récréations, ce qui allégeait mes pauses.

 

Automne 2003, mon année scolaire préférée à Berthierville. Pour la première fois, une étrangère serait mon enseignante parce que j’étais assez autonome pour être confiée à quelqu’un en dehors de mon entourage. L’enseignante employait avec moi le système de pictogrammes inspiré de la méthode TEACCH, pour que je réponde à certaines demandes comme bien la regarder lors des leçons théoriques ou garder le silence quand je parlais beaucoup lors des heures de cours. Cela n’a pas vraiment marché parce que j'ai toujours appris quand on me répétait la demande plusieurs fois et non en me montrant des images. C’était le temps qui m’a permis de bien intégrer les consignes.

 

La thématique de l’année était Découvrons le monde. Chaque classe devait faire de la recherche sur un des pays les plus populaires de la planète. Le pays de ma classe était la Russie donc durant toute l’année, nous avons fait des recherches sur le pays des tsars et nous avons appris leur culture, la famille impériale ou les grands ballets, mon thème attitré. Cela était si passionnant que durant mes temps libres, je me suis renseignée davantage sur la géographie , les cultures et les animaux du monde, trois de mes passions.

 

Au niveau de la communication, j’étais plus ouverte aux autres et je me suis mise à poser toutes sortes de questions comme Qu’as-tu fais cette fin de semaine? Au début, c’était intéressant mais au fil du temps, c’était désagréable. Bref, ce ne fut pas le meilleur moyen d’entamer une conversation. J’agissais ainsi parce que je voulais parler de ma vie avec les autres enfants.

 

À l’école, tout se déroulait si bien qu’à la fin de ma deuxième année, mes parents ont entrepris les démarches d’inscription à mon école locale pour y finir le reste de mes études primaires à la suite de ma demande.

C’est alors que j’ai dit adieu à l’école de Berthier, un établissement que je n’oublierai jamais pour commencer une nouvelle période de ma vie.

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