Semaine 3: Ma petite enfance 2

Comme j’ai mentionné dans l’article précédent, j’ai beaucoup travaillé mon contact avec mon environnement pour que je sois le moins possible dans ma bulle. Grâce à des jeux cognitifs, à l’apprentissage de la lecture, des mathématiques et de l’écriture, mon intelligence s’est développée et m’a permis de m’ouvrir davantage à ma famille. C’est d’ailleurs ma mère qui a tout mis en œuvre pour que je sois semblable aux autres petits de mon âge en m’initiant à des activités créatives comme le coloriage ou le bricolage de base. Tout cela s’est produit quand j’avais entre deux et quatre ans.

Également à l’âge de quatre ans, on m’a proposé une autre réalité que l’on vit à cet âge : celui d’aller à la garderie. Ma garderie fut située à Saint-Norbert et les enfants qui la fréquentait venaient également de cette même paroisse et de d’autres localités voisines dont Sainte-Élisabeth. La garderie fut pour moi une période agréable. Cela m’a permis de fréquenter des enfants qui vivaient dans la même paroisse que moi et de jouer à des jeux sans être avec papa et maman.

Je m’entendais bien avec ma gardienne ainsi qu'avec les autres enfants. Ce que j’aimais faire à la garderie comme à la maison était de jouer avec des jouets, principalement les poupées Barbie, lire des livres et écouter des films de Walt Disney. Selon mes souvenirs, j’ai très rarement fait de crises, mais je ne parlais pas beaucoup aux autres enfants.

Les poupées Barbie étaient ma passion durant ma petite enfance. Ce que j’aimais faire avec elles était les habiller, les coiffer et inventer toutes sortes d’histoires. Je crois que ma passion d’inventer des histoires est née à cette période de ma vie. J’ai eu ce passe- temps durant des années mais cela a dû s’arrêter parce que ce jeu passait parfois avant mes études scolaires : j’étais déjà rendue à douze ans.

Comme autre intérêt de mon enfance, l’univers de Walt Disney est un incontournable dans ma jeunesse en raison des personnages attachants qui donnaient vie aux films, aux chansons mémorables et à la qualité irréprochable des dessins animés. Quand je voulais relaxer entre mes périodes d’apprentissage, je visionnais un ou deux films de suite. Puisque j’adorais les films, je possédais également la collection complète de livres et j’aimais les lire tout autant que de regarder le film parce que je le revivais même si je connaissais bien l’histoire. Finalement, avant d’aller au lit, mes parents me lisait un de ces livres à chaque soir, un autre de mes souvenirs d’enfance.

En 2000, l’âge était venu pour moi d’aller à la prématernelle ou la maternelle pour les enfants âgés de quatre ans. Mon jardin d’enfant local était situé à Berthierville mais comme l'autisme n'était pas très connu à l'époque, ma mère s’est tournée vers le jardin d’enfants Les picolos à Saint-Charles Borromée. Cela n'était pas une mauvaise chose parce que pendant que j’allais effectuer mes apprentissages, ma mère elle irait s’entrainer et faire des courses, ce genre de services étant plus accessible qu’à Berthier. La prématernelle ressemblait beaucoup à la garderie mais en plus, on en apprenait davantage sur le monde qui nous entoure comme apprendre le nom des principaux animaux du monde ou savoir ce que c’est un microbe. On est même allé à la journée portes ouvertes de la caserne de pompiers de Saint-Charles Borromée. Lors de la première année, j’avais très peur de monter dans les camions de pompiers donc je suis partie sans faire le parcours mais lors de la deuxième année, je suis restée pour toute la visite. C'était une matinée enrichissante parce qu’en plus de nous faire visiter la caserne, les pompiers nous ont donné une petite conférence sur le feu et sur les désastres qu’il peut entrainer sur son passage. Tout comme à la garderie, je ne parlais pas vraiment aux autres enfants. 

Cette même année, ma mère a mit sur pied une petite garderie d’après l’école pour certains enfants de la paroisse, ceux que l’on connaissait le mieux afin que je pratique davantage ma socialisation. Les activités que l’on faisait étaient de jouer à des jeux de société, écouter la télévision et discuter ensemble au moment de la collation. Parfois, lorsque la communication était trop difficile pour moi, je faisais des crises de larmes parce que je n’arrivais pas à expliquer que j’étais fatiguée et que j’avais besoin d’être dans mes affaires. Par contre, je me souviens que les enfants étaient de bonnes personnes et je m’entendais relativement bien avec eux.

La plupart du temps que je faisais des crises était quand on me demandait de faire des efforts au niveau de la communication et quand il y avait des imprévus. Trop de bruit aussi était un facteur important de mes sauts d’humeur. Justement, lors d’une journée à la prématernelle, j’étais dans tous mes états parce que le système d’alarme était déclenché lors de la pratique d’incendie annuelle. Ne connaissant pas ce système de sécurité dans les lieux publics, je me suis mise à crier et à me défouler au sol. Ma mère est venue me chercher et pour me calmer, s’est mise à me caresser le dos et à me faire un petit massage. Cela me faisait du bien pour me contrôler de mes colères. Aucun autre incident ne s’est produit par la suite.

Le fait d’avoir partagé certains moments avec d’autres enfants de mon âge m’a permis de briser une partie de mon isolement et m’a même donné l’envie d’en fréquenter d’autres, même si je ne leur parlais pas beaucoup. Après avoir passé l’année 2000-2001 à fréquenter d’autres enfants, d’avoir appris les bases de la vie et de m’être familiarisé avec les lieux publics, j’avais hâte de commencer un autre grand moment de ma vie qui allait survenir l’année suivante : le début de l’école.