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La bulle.over-blog.com

Bonjour, Je m'appelle Lucia Dauphin et je suis une jeune adulte autiste de 27 ans. C'est avec plaisir que je vous présente mon propre blog décrivant mon quotidien de personne asperger à chaque semaine afin de partager les facettes de l'autisme avec d'autres personnes que mon entourage.

Semaine 2: Ma petite enfance 1

Maintenant que vous avez lu ma définition de l’autisme, je peux maintenant vous raconter mon histoire. Une histoire atypique mais que plusieurs gens peuvent s’identifier en raison de faits que tout le monde peut vivre.

 

Ma naissance a eu lieu lors d’une journée historique au Québec : le 30 octobre 1995. Ce qui était spécial cette journée- là était la tenue d’un deuxième référendum sur la souveraineté du Québec, le premier étant en 1980.   Malheureusement, le non a remporté ce vote, laissant de nombreux québécois dans le deuil d’avoir un pays bien à eux. Comme le vote était assez serré 50,58% pour le non et 49,42% pour le oui, ce moment fut une journée historique pour notre belle province. Tous ces événements n’étaient pas de plus important pour ma famille.

 

L’accouchement était un moment très difficile pour ma famille et principalement ma mère. Elle a dû subir une césarienne parce que je lui ai déplacé un disque intervertébral quelques semaines plus tôt lors de la grossesse et elle ne voulait pas souffrir déjà que l’accouchement peut être éprouvant pour certaines femmes. Même si l’intervention s’est bien déroulée, un moment terrible allait surgir : j'étais transportée d’urgence à l’hôpital Sainte Justine puisque j'avais des problèmes de respiration (sténose des choanes) et si je n’avais pas d’oxygène, j’allais mourir.  J'étais hospitalisée durant trois semaines et mon état se normalisait tranquillement, ma famille à mon chevet la plupart du temps. Après toutes ces émotions, tout s’est bien terminé pour moi et je n’ai pas eu de problèmes de santé par la suite.

 

On me baptisait six mois plus tard sou le nom de  Marie Isabelle Marguerite Lucia Dauphin. On m’appela tout simplement Lucia en raison de la sœur aînée de mon père qui porte le même nom. Dans ma famille, il y a eu trois Lucia Dauphin. La première fut la sœur de mon grand-père décédée de tuberculose dans les années 1930 à l'âge de 21 ans, la deuxième, la sœur de mon père et la troisième, moi bien sûr. 

Durant les premières années de ma vie, ma peluche préférée était une de Winnie l’ourson que j’ai reçue pour mon premier anniversaire. J’ai dormi avec elle durant les cinq premières années de ma vie et son univers est devenu un incontournable dans ma petite enfance parce que j’aimais beaucoup la chanson thème du film et les personnages sont plus qu’attachants.

 

Selon les dires de mes parents, je ne pleurais pas beaucoup quand j’étais bébé et je n’ai pas eu des comportements de sollicitation comme les bébés ont à l’habitude. Mais mes parents et mon entourage m’ont pris dans leurs bras sans problèmes. Voyez-vous ce que je veux dire? Je le sais moi.

 

À mes deux ans, ma mère a remarqué que je ne parlais pas encore et que j’étais très renfermée sur moi-même, chose anormale pour les petits de cet-âge-là. Parfois, il arrivait de pleurer, de me désemparer et même me frapper et me mordre. En plus, je faisais du flapping, mouvement de bras que les enfants autistes ont tendance à faire pour évacuer leur stress au quotidien. Voyant ce qu’il se passe, ma mère est allée consulter mon pédiatre qui nous a ensuite référé à la clinique de psychiatrie infantile de Lanaudière à Joliette afin de consulter une orthophoniste et un psychologue pour savoir ce que j’avais.

Il y avait dix rencontres établies sur dix semaines. Elles consistaient à me faire passer des évaluations cognitives sous la forme de jeux d’associations. Je ne m’intéressais pas à ces évaluations. Tout ce que je voulais faire c’était de jouer avec les jouets parce que je trouvais cela difficile jouer à des jeux qui stimulent mes neurones. C’est normal à cet âge de ne pas vouloir travailler ses difficultés mais dans mon état, il a fallu que je m’habitue encore plus. Tandis que le psychologue trouvait chez moi des traces de dysphasie, l’orthophoniste dit au contraire que ce serait de l’autisme, le symptôme commun étant la difficulté de communication verbale. Comme on n’a pas pu obtenir de diagnostic précis, on s’est tourné vers d’autres institutions pour poursuivre les procédures dont le département de psychiatrie de l’Hôpital Rivière des Prairies qui ne donne pas sa place dans le monde de l’autisme et de la santé mentale.

 

Entre temps, étant mère au foyer à cette époque, maman qui est également éducatrice spécialisée de formation m’a établi une programmation de 70 heures par semaine consacrée à m’initier à des activités que l’on pouvait faire à trois ans comme la bicyclette sur tricycle ou le coloriage. Les débuts de cette activité furent un désastre, je ne voulais même pas tenir mon crayon. Ma mère a employé la méthode ABA (Applied Behavior Analysis), une technique de behaviorisme voulant améliorer le renforcement positif pour que je réponde aux différentes demandes. Mais rassurez vous, cela a été temporaire, seulement un mois. Au fil du temps, j'ai fini par vouloir colorier et je me suis même découvert un intérêt pour le dessin. 

 

 

 À mes quatre ans, j’ai eu droit à des apprentissages plus concrets comme l’arithmétique, la géométrie de base et l’écriture script. Je savais très bien compter et je savais déjà résoudre des problèmes du genre : Il est 15h30. Quelle heure sera-t-il dans vingt minutes? La réponse 15h50. Je me débrouillais très bien en calcul. En géométrie, j’ai appris les formes et les polygones de base comme le pentagone et l’hexagone et j’appris même le nombre de côtés pour chacun d’eux.

 

Pour ce qui est de l’écriture, je suis retombée dans la difficulté. La motricité fine est l’une de mes faiblesses et tenir un crayon était encore difficile pour moi. Donc j'ai dû travailler très fort pour pouvoir bien écrire. Je savais écrire mais ce qu’il fallait pratiquer c’était de suivre les lignes et ne pas écrire trop gros. C’est alors que les gens ont eu de la difficulté à me lire et mes cahiers d’apprentissage n’étaient pas très beaux à voir. Même si les apprentissages furent difficiles, j’ai bien aimé connaître toutes ces choses que les enfants apprennent habituellement à l’école. Cela m’a permis de ne pas être toujours dans mon monde et à améliorer mon contact avec le monde extérieur.

 

À suivre la semaine prochaine pour la deuxième partie.

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